Les chefs des inspecteurs en désarmement de l'ONU ont présenté, jeudi à huis clos devant le Conseil de Sécurité, un complément d'évaluation à leur premier rapport sur la déclaration faite par Bagdad sur son arsenal militaire. Hans Blix et Mohamed El Baradeï devaient faire une «analyse un peu plus poussée du document irakien et mettre au courant les nouveaux membres du Conseil». Sur le terrain, les inspections bouclent leur septième semaine. Elles s'intensifient à l'approche de la date butoir du 27 janvier. À cette échéance, Blix et El Baradeï doivent présenter au Conseil de sécurité un rapport sur les deux premiers mois d'inspections. Pour ne pas déroger à la règle, l'Irak continue d'affirmer que les inspecteurs de l'ONU roulent pour des services de renseignements occidentaux . Un haut responsable a déclaré que l'Irak se plaindra de certaines actions des inspecteurs qu'il estime « injustifiées », lors de la prochaine visite de leurs chefs à Bagdad. « Cette plainte doit être faite publiquement et aussi auprès des personnes qui sont responsables » de la mission onusienne, Hans Blix et Mohamed El Baradeï, a ajouté le haut responsable. Les deux hommes sont attendus à Baghdad, les 19 et 20janvier. Il a aussi multiplié les mises en garde envers les Etats-Unis. Ces derniers ont commencé à transmettre aux inspecteurs en désarmement des données sur les programmes d'armement irakiens, mais retiennent certaines informations de sources particulièrement secrètes, a déclaré le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Des informations « importantes » ont été transmises depuis quelques jours afin de permettre aux inspecteurs d'être plus «agressifs et plus complets dans leur travail», a ajouté Powell qui a précisé que son pays «n'ouvrait pas toutes les portes» et retient des informations obtenues de source ultra-secrète, attendant de voir comment les experts de l'ONU «sont capables de traiter et d'exploiter» les données déjà transmises. Selon le «Washington Post», les informations déjà fournies concernent principalement des sites de production et de stockage suspectés. Des sources informées ont indiqué que Paris a invité l'ensemble des membres du Conseil de sécurité à livrer aux inspecteurs en désarmement de l'Irak les renseignements nécessaires à leurs recherches d'éventuelles armes de destruction massive. Dans une déclaration clairement destinée aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, en visite à Moscou, a révélé avoir adressé aux 14 membres du Conseil de sécurité des lettres leur demandant de fournir aux inspecteurs onusiens «tous les moyens et toutes les informations» dont ils disposent. Bagdad a aussi mis au défi Washington de publier ses informations sur les armements de destruction massive qu'il lui impute. «Nous mettons au défi les pontes de Washington et de Londres de fournir toute information ou preuve appuyant leurs allégations», écrit un journal irakien. En affirmant ne pas vouloir compromettre leurs sources en rendant publiques de telles informations, les responsables américains et britanniques «ne font que mentir, car s'ils en avaient, ils n'auraient pas hésité à les transmettre aux inspecteurs, rien que pour embarrasser l'Irak», estime le journal.