Sur fond de surcharge de travail, de manque d'équipements et de conditions matérielles très insuffisantes, les personnels de la police vivent un grand malaise. Les exigences de plus en plus rigoureuses qui leur sont imposées ne sont souvent pas accompagnées des compensations méritées. Pourtant, ils assument la délicate mission de protéger l'intégrité des personnes et les biens des citoyens. La DGSN (direction générale de la sûreté nationale) a procédé samedi à un mouvement parmi les chefs de sûreté du pays. Les rotations, qui ont concerné une quinzaine de postes, entrent dans le cadre normal du recadrage de l'action de la police pour une meilleure efficacité de son travail sur le territoire. Certains cadres, désireux de faire autre chose et de changer d'air pour cause de lassitude et de routine, ont été rappelés à l'administration centrale. C'est le cas de Mohamed Smaïli, de Rouani Mustapha et de Abderrahim Jalal, respectivement ex-chefs de sûreté de Témara, Béni-Mellal et Larache. Mohamed Sekkouri, jusqu'ici chef de sûreté de Tétouan, a été lui aussi appelé à occuper de nouvelles fonctions à la direction générale en attendant de prendre sa retraite à la fin de cette année. Mohamed Badda, en poste à Mohammedia, est allé rejoindre la sûreté de Kénitra. Ce changement se justifie par certains problèmes de coordinations entre l'intéressé et le préfet de Casablanca. Pour éviter que cette situation ne plombe l'ambiance en permanence, le directeur général de la DGSN, Abdelhafid Benhachem, s'est avisé d'affecter M. Badda, qui se voit remplacer par Mohamed Noureddine Charafeddine, à la tête de la sûreté de Kénitra. Ce qui ne peut faire que du bien à M. Badda car sa famille habite dans la région. Jusqu'ici chef de sûreté par intérim de Tanger, Abdelaziz Izzou a été confirmé dans ses fonctions de patron de la police de la ville. Une promotion méritée eu égard au travail de proximité que ce jeune et entreprenant commissaire principal est en train d'accomplir avec des résultats palpables à la clé. De chef de la police judiciaire de d'El Jadida, Hayl Zitouni a été hissé au rang de chef de sûreté de Ouarzazate. En procédant à ce mouvement, la DGSN a pris en compte les demandes des concernés dans une démarche de concertation responsable. Chacun s'est vu attribuer la sûreté où il estime pouvoir donner le meilleur de lui-même, selon les exigences qu'impliquent la fonction de responsable de police. Résultat : ces changements n'ont pas fait de mécontents ni de frustrés. Chacun a trouvé son compte dans ses nouvelles nominations. Une logique qui confirme la volonté de la DGSN de rompre avec les affectations imposées qui ne rendent service ni aux intéressés ni à l'administration de la police. En effet, le travail d'un cadre de police à contre-emploi dans une zone donnée laisse forcément à désirer… La DGSN compte poursuivre la même politique de mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut en trouvant un équilibre- ce qui n'est pas toujours évident- entre les aspirations des concernés et les intérêts objectifs de l'administration de la sûreté nationale dans le domaine de la sécurité de l'État. C'est la thèse actuellement défendue par les tendances réformatrices de l'administration marocaine en général. Avec comme objectif d'assurer la motivation des cadres pour un meilleur rendement professionnel. D'autres mouvements sont en train d'être préparés ayant trait à la réorganisation au corps de la police. Ils seront annoncés pendant les semaines à venir. Les enjeux sont si importants qu'ils concernent les moyens de renforcer l'ordre public et la protection des personnes et des biens. Il s'agit avant tout de réduire le sentiment d'insécurité qui monte crescendo parmi la population, laquelle a l'impression qu'elle est de plus en plus livrée aux agressions de diverses formes dont la plus inquiétante reste la délinquance intégriste . Une chose est sûre : si la sécurité est affaire de moyens considérables, d'effectifs conséquents et d'organisation effective, il n'en reste pas moins qu'elle est intimement liée de manière globale à l'amélioration de la condition socio-économique d'une large frange de la population. On ne peut pas objectivement blâmer la police et lui mettre tout sur le dos alors que le système tel qu'il fonctionne produit des laissés-pour-compte et des frustrés qui en guise d'exutoire, basculent dans les extrémismes qu'ils soient religieux ou autres. S'il faut réinventer la mission de la police à la lumière du contexte actuel et des nouveaux défis qu'il impose, le gouvernement a également obligation de s'acquitter de son devoir. Dans la mesure où toute politique conduite par l'exécutif est censée instiller le bien-être dans l'ensemble des couches de la société.