L'année 2002 n'aura pas porté chance à bien des personnes devenues publiques. En voici un échantillon assez représentatif. Amaoui : la fin d'une époque Mais où est passé Noubir Amaoui ? Le bouillonnant leader de la CDT (confédération démocratique du Travail) a disparu de la scène nationale. On ne le voit plus. On dirait qu'il boude. C'est que l'alternance de 1998, qui a vu Abderrahmane Youssoufi arriver à la tête du gouvernement, a eu raison de sa fougue contestataire. Le dernier congrès de l'USFP fin mars 2001 ne lui a pas porté chance non plus. Il s'est viré lui-même du parti comme un malpropre pensant qu'il pouvait changer l'équilibre des forces à l'intérieur du parti. Erreur fatale qu'il a payée très cher avec certains de ses amis députés de Casablanca. Les assises auront lieu sans Amaoui et sa bande. Comme parade pour sauver l'honneur, il s'offre un nouveau parti du nom du Congrès national Ittihadi (CNI) patronné par son fidèle Abdelmajid Bouzoubaâ. Une structure qui a eu l'occasion de mesurer son influence lors des législatives de septembre dernier. Une seule et unique place au Parlement. Autant dire rien, puisque l'élu de Ben Ahmed est allé rapidement rejoindre les rangs du PSD. Imprévisible et présumant de ses forces, Noubir Amaoui a eu tout faux. Abderrahmane Youssoufi l'a laissé aller droit dans le mur conscient que le syndicaliste ne faisait plus peur comme par le passé. Résultat : la CDT, qui a longtemps joué le rôle d'épouvantail, perd petit à petit de sa capacité de nuisance réelle ou supposée. Nombre de fédérations (enseignement, Santé, PTT, tourisme) ont d'ailleurs déserté récemment une centrale orpheline, qui semble avoir perdu tous ses repères. Issou : la fable Un comité d'officiers libres au Maroc ? Cette affaire, projetée tout à coup à l'avant-scène médiatique en octobre dernier , a tenu en haleine l'opinion nationale avant de se dégonfler comme une baudruche. Pchitt comme dirait Jacques Chirac. Un coup d'esbroufe de plus qui est intervenu en pleine tension entre Rabat et Madrid. En effet, un réseau d'activistes anti-marocains n'ont trouvé rien de mieux que de manipuler un lieutenant de l'armée marocaine, Abdelilah issou, qui plus est un déserteur. Le but inavoué de l'opération est d'en faire un héros qui dénonce la corruption au sein des FAR. L'intéressé avait quitté clandestinement le Maroc vers l'Espagne en mai 2002 où il a demandé l'asile politique sous prétexte qu'il est persécuté chez lui. Demande rejetée. Pour accréditer la thèse de l'existence de ce comité, un communiqué anonyme a été par ailleurs diffusé pour la circonstance et que des journaux étrangers y compris Le Monde n'ont pas hésité à publier croyant tenir le scandale qui “allait faire vaciller l'État marocain sur ses bases“. Voire… En fait, tout dans cette histoire prêtait à sourire. Il s'est avéré que le soit-disant comité d'officiers libres se résumait au seul Issou. Un pétard mouillé. Une grosse fable. Abandonné par ses commanditaires aussitôt que le pot-aux roses fut découvert, le militaire en rupture de ban de l'armée, qui se trouve toujours en Espagne, a tout loisir de méditer sur son triste sort. El Fassi : le porte feuille sans emploi À trop vouloir demander à la vie politique plus qu'elle ne pouvait lui donner, Abbas El Fassi est tombé de tout son haut. Celui qui était sûr de lui et de sa bonne étoile a dû battre sa coulpe. Plus sûr de rien y compris, en plein négociations des portefeuilles de son parti, qu'il rempile dans le nouveau gouvernement Jettou. Mais tous comptes faits, le secrétaire général de l'Istiqlal s'est avéré être un homme qui a de la ressource. Il a tout de même arraché, à l'exigeant Driss Jettou, le strapontin de ministre d'Etat (cherchez le portefeuille) après avoir affiché des prétentions pour la primature dans une lutte acharnée pour le poste avec les frères-ennemis usfpéistes. Peu importe…L'essentiel c'est d'être dedans et de s'asseoir à côté du Premier ministre, lors des conseils de gouvernement en affichant une mine studieuse. Une position qui semble faire plaisir à l'intéressé qui y voit plutôt un privilège protocolaire à défaut de lui permettre de plancher sur les grands dossiers du pays. En fait de dossiers, M. El Fassi a été certainement jugé surqualifié par rapport à ses collègues. D'où son statut actuellement peinard… Mdaghri : l'intégrisme par omission Il est parti en silence. Son départ n'a pas choqué tellement il était attendu. Personne ne l'a regretté et l'on s'est même réjoui qu'il soit "enfin parti". L'ex-super ministre des habous et des affaires islamiques, Abdelkebir Alaoui Mdaghri, qui avait dirigé ce département durant dix-huit ans, n'a pas été reconduit dans le gouvernement dirigé par Driss Jettou. L'année 2002 aura donc été marqué par la fin du "règne" de Mdaghri sur la question religieuse. En effet, durant les dernières années de son mandat, Abdelkebir Alaoui Mdaghri avait fait preuve de laxisme prémédité en ce qui concerne certaines tendances islamistes radicales. Il avait ainsi fermé l'œil sur la montée du Wahhabisme au sein de la société marocaine, et ce contrairement à la tradition des Marocains qui s'attachent au rite malékite depuis douze siècles. Un laisser-aller s'était donc installé dans la gestion des affaires islamiques et les mosquées sont devenus des lieux de propagande islamiste intégriste où des publications de certains mouvements intégristes sont distribuées au vu et au su de ce ministère qui a la tutelle sur les éditions à caractère religieux. Saaidi de tous les risques Abderrahmane Saaidi ne passe jamais inaperçu. Il a de l'allure et il en est conscient. C'est pour cela qu'il laisse toujours des traces. Là où il passe. Mais il compte beaucoup sur l'échiquier financier. C'est normal puisqu'il est un expert-comptable qui a liquidé plusieurs sociétés étatiques en tant que ministre de la privatisation. Saaidi va perdre son poste de ministre, mais il va assurer ses arrières en devenant directeur général de la raffinerie La SAMIR . C'est dire combien le hasard fait bien les choses même si cette nomination avait soulevé beaucoup de suspicion. Mais l'homme avec son allure imposante va s'imposer face à ses adversaires en jonglant avec les chiffres jusqu'au jour fatidique du 25 novembre. Ce lundi noir, la maîtrise de l'expert-comptable s'est écroulée comme un château de cartes face à une responsabilité technique très lourde de conséquence. Ce jour-là, le directeur de la SAMIR a pris la décision qu'il ne fallait surtout pas prendre comme une écriture comptable. Il savait depuis les premières heures du matin que le barrage Oued El Maleh allait céder. Il savait que la crue allait dévaster la raffinerie. Il savait qu'il fallait arrêter absolument les machines à la première heure pour éviter la catastrophe. Il le savait d'autant plus qu'il a été averti par les techniciens et surtout par un incendie similaire, déclenché quinze jours auparavant, dans un bac de stockage. Après l'accalmie, le souffle économique de cette tragédie risque d'être très violent pour notre pays. L'ampleur des dégâts financiers est incommensurable. La raffinerie risque de ne plus se relever. Mais Saiidi est toujours là avec la même allure imposante même s'il se fait plus discret. Noureddine Kacimi, la gaffe Bel athlète et footballeur apprécié depuis près de deux ans, Noureddine Kacimi a failli à son image de joueur respectable et respectueux. L'arrière latéral gauche de l'équipe du Raja de Casablanca et du onze national a été mis aux arrêts, il y a près de deux semaines, pour coups et blessures contre deux agents de police en fonction. Ainsi, une simple prise de bec entre Kacimi et des agents de police va dégénérer en bagarre, lors de laquelle, le joueur du Raja, bien bâti physiquement, va donner une bonne raclée aux deux policiers. Pourtant, nombreux sont ceux qui affirment que ce jeune joueur est plutôt bien discipliné. Et même dans le cas contraire, lorsque l'on est un athlète d'envergure nationale, on fait attention à ce genre de dérapage, du fait que les médias et le public vous connaissent et se comportent avec vous en tant que patrimoine sportif national. Or, le sport, en général, est censé instaurer les valeurs de la discipline. S'agit-il du manque d'encadrement de nos joueurs dont la plupart ne disposent que d'un niveau faible d'instruction ? Ce ne serait pas suffisant. Dans le passé, nous avions des joueurs dont la discipline et le comportement étaient exemplaires sans pour autant qu'ils ne soient titulaires d'un doctorat d'Etat en sociologie. Tous les Marocains se rappelle d'Ahmed Faras, Abdelmajid Dolmy, Mohamed Timoumi, Baddou Zaki pour ne citer que ceux-ci à titre d'exemple. Même de nos jours, et après leur disparition des pelouses, il suffit de prononcer leurs noms pour que tous ceux qui les entendent commencent à faire des éloges en hommage à ces joueurs.