Noubir Amaoui a cru pouvoir peser sur les événements en boycottant les travaux du VI ème congrès de l'USFP. En fait, il s'est cadenassé, lui et ses rares fidèles, dans une logique politiquement contre-productive. Survol d'une mauvaise affaire. L'USFP n'a pas échappé non plus au syndrome de la scission. Noubir Amaoui, leader de la CDT, a fini par créer son propre parti avec comme secrétaire général son adjoint au syndicat Abdelmajid Bouzoubaâ. La crise au sein de l'USFP, qui couvait depuis la formation du gouvernement d'alternance, a éclaté au grand jour lors du VIe congrès du parti, tenu fin mars 2001, à Casablanca. Dès le premier jour, les choses tournent à la confrontation. Dispute autour du service d'ordre. Le patron de la CDT dénonce une OPA des gens de Rabat sur la logistique organisationnelle et la mise à l'écart de l'USFP de Casablanca. Il n'en fallait pas plus pour que M. Amaoui, suivis par une partie des députés de Casablanca, claquent la porte bruyamment et boycottent les travaux des assises. L'ombre de cette fracture inattendue planera sur les différentes étapes de la manifestation usfpéiste. Présenté comme celui de l'union et de la réconciliation, ce congrès très attendu pour avoir été plusieurs fois reporté se transforme vite en querelles de personnes sur fond de surenchère et de procès d'intention. Aux accusations des uns répondait les petites phrases des autres. Amaoui et ses fidèles dénonceront la volonté de Mohamed Yazghi d'asseoir sa maîtrise sur l'appareil du parti. “ C'est un congrès falsifié et taillé sur mesure“, tonneront certains contestataires. Les Youssoufistes décochent à leur des flèches bien senties. “ Le poids de Noubir Amaoui dans le parti est insignifiant. Il ne représente rien du tout“, diront les Yazghistes. Certains d'entre eux soutenaient que la dispute suscitée autour du service d'ordre n'est qu'un prétexte : Amaoui aurait peur du scrutin à bulletin secret dans l'élection des membres des instances dirigeantes car il avait l'habitude jusqu'ici d'imposer ses hommes. Le VI congrès a, il est vrai, introduit sur ce plan une bonne dose de transparence. Mais entre les deux camps, la rupture est en marche. Chacun campera sur ses positions. Le feuilleton de la dispute continue sur la place publique. Les contestataires, emmenés par M. Amaoui, ont réaffirmé dans un premier temps leur attachement à l'unité de l'USFP, soulignant qu'ils ne sont pas des scissionnistes et revendiquant la tenue d'un congrès extraordinaire. À défaut d'être réaliste, cette demande ressemblait à une fuite en avant. Tout se passait en fait comme si les amaouistes ont regretté après coup leur geste de se mettre en dehors du parti. Défaut grave d'appréciation. Homme impulsif et rageur, Noubir Amaoui n'est pas le genre à faire marche-arrière quitte à persister dans l'erreur. Quand certains de ses fidèles parmi les élus de Casablanca ont réalisé que leur chef voulait absolument créer un parti, ils se sont débinés, “séchant“ les réunions. Désormais, Noubir Amaoui est un homme seul. La présence à ses côtés de son bras droit M. Bouzoubaâ ne le consolera pas. Qui a manipulé qui dans cette affaire ? Amaoui a été-il été floué dans cette opération ? A-t-il cru, par excès d'orgueil, pouvoir peser sur les évènements ? Une chose est sûre : les députés frondeurs ont compris qu'ils avaient tout à perdre en suivant jusqu'au bout la logique du patron de la CDT. Pour rien au monde, ils n'étaient prêts à abandonner l'USFP, encore moins leurs mandats électifs pour une aventure incertaine montée qui plus est sur un coup de gueule. Noubir Amaoui, égal à lui-même, fonce bille en tête. Il dépose une demande pour la tenue le 19 octobre 2001 du VIème congrès de l'USFP qu'il a appelé “ le congrès du redressement“ des errements du précédent. Deux jours plus tôt, le Premier secrétaire de l'USFP saisit la justice pour contrecarrer une démarche jugée illégale. Le parti de Abderrahmane Youssoufi obtiendra gain de cause et en plein séance au tribunal, M. Amaoui annonce contre toute attente la création d'une nouvelle formation politique. Ce sera le parti du congrès national unioniste (PCNU). Fin du conflit. “Un parti de plus qui ne se justifiait pas“ explique un Zazghiste. Noubir Amaoui a joué au poker de la surenchère politique, il a manifestement perdu la bataille.