Les opérateurs ont encore régressé sur les derniers mois Où s'arrêtera la chute du prêt personnel chez les sociétés de crédit à la consommation? Les opérateurs ont encore régressé sur les derniers mois sur ce type de financement non affecté (par opposition aux crédits affectés tels que le prêt automobile, équipement domestique...). Selon les statistiques provisoires de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) sur le premier trimestre de l'année en cours, les sociétés spécialisées ont capté 1,3 milliard DH de nouveaux prêts personnels, soit 66 MDH de moins qu'à la même période de l'année passée, ce qui signifie une baisse de près de 5%. En nombre de dossiers la baisse est plus marquée encore à -10,33%. Les nouveaux prêts étant moins consistants en volume et en valeur par rapport à l'année dernière, l'encours brut de crédits (incluant le stock de créances en souffrance) s'est naturellement érodé un peu plus pour ressortir à près de 22 milliards DH à fin mars 2017. Cela fait déjà quelques années que les sociétés de crédits conso sont mises à mal sur le prêt personnel. Le début de la série noire remonte à 2012 où l'encours de financements non affectés détenu par les sociétés spécialisées a chuté de plus de 3% sur une année. S'en sont suivies des régressions toujours plus marquées jusqu'à atteindre un pic de -14% en 2014. Sur l'intervalle, les opérateurs n'ont bénéficié que d'une seule année de répit, à savoir 2013, où leur stock de financements a fait du surplace. Ce n'est pas faute de demande sur le marché que les sociétés ont subi cette déconfiture, car sur les dernières années les Marocains ont bien continué à demander toujours plus de crédits à la consommation, avec un taux de croissance annuel moyen entre 4 et 5%, ainsi qu'il ressort des chiffres officiels. Les banques plus offensives quant aux rachats de crédits En fait, si par le passé les opérateurs parvenaient à tirer leur épingle du jeu sur le prêt personnel c'est parce qu'ils ont historiquement bâti leur modèle économique sur cette activité en mettant en place un ensemble de mesures d'accompagnement mais aussi et surtout grâce au peu d'intérêt accordé alors par les banques aux crédits aux particuliers, rappellent les spécialistes. La donne a fondamentalement changé depuis, car ainsi que le rapporte l'Apsf régulièrement, les banques n'ont cessé de se renforcer sur les 5 dernières années en ce qui concerne le segment du prêt personnel qu'elles mettent en avant de plus en plus comme produit d'appel pour leur offre, éclairent les professionnels. Une évolution naturelle, reconnaît l'APSF qui estime que le prêt non affecté, tout compte fait, demeure l'apanage des banques. A cet effet, les établissements se sont appuyés sur plusieurs forces. En premier lieu vient l'étendue de leur réseau de distribution sans commune mesure avec le nombre de points détenus par les sociétés spécialisées. Ensuite, les banques accèdent nécessairement à des capitaux meilleur marché du fait qu'elles se servent directement sur le marché primaire. A l'inverse les sociétés spécialisées se refinancent auprès de leurs banques mères à un coût nécessairement plus élevé. Les abaissements successifs du taux directeur depuis 2014 allègent certes le fardeau des opérateurs spécialisés, mais par la force des choses les banques gardent l'avantage, relativise-t-on parmi les sociétés. Ces atouts ont induit des conditions tarifaires réduites pour la clientèle affichées par les banques mais aussi dans une démarche plus offensive, des rachats de crédit auprès des sociétés spécialisées, rapporte l'Apsf. Dans ce contexte les banques n'ont pas tardé à prendre le dessus sur le crédit à la consommation. Leur stock de financements de ce type a ainsi cru jusqu'à 10% par an depuis 2012 au lieu des baisses de 5% et plus subies dans l'intervalle par les sociétés spécialisées, rapportent les professionnels. L'érosion continue et régulière des stocks de financement des sociétés de crédit a fait qu'elles se sont retrouvées à parts égales avec les banques en termes d'encours détenu depuis 2012. Depuis 2 ans les établissements bancaires ont pris le leadership sur le marché avec un encours de 49,4 milliards DH actuellement (près de 52% de part de marché) à comparer à 46,4 milliards DH détenus par les sociétés spécialisées. Et dire qu'en remontant tout juste au début des années 2000, les sociétés spécialisées accaparaient encore plus des deux tiers du marché.