Trois des cinq Marocains ex-détenus à Guantanamo ont bénéficié de la liberté provisoire. La défense exige la convocation, comme témoins, de l'ambassadeur américain à Rabat et le ministre marocain de la Justice. Les débats étaient houleux lors du troisième acte du procès des cinq Marocains, anciens détenus pendant plus de deux ans sur la base américaine de Guantanamo, dans le sud de Cuba. La Chambre criminelle (1er degré) de la Cour d'appel de Rabat a finalement décidé d'accorder la liberté provisoire, en l'attente de leur jugement, à trois détenus. Abdellah Tabarak, Redouane Chakouri et Mohamed Ouzare. En revanche, les deux autres détenus, Ibrahim Benchekroun et Mohamed Mazouz, demeurent toujours en détention. Tous ont été arrêtés en 2001 par les Forces américaines en Afghanistan et au Pakistan. Lors de l'audience, les avocats de la défense ont vivement protesté auprès de la Cour contre la forte présence policière au sein de la salle, ce qui a empêché les familles de victimes de pouvoir assister à l'audience. Ces cinq détenus avaient été remis aux autorités marocaines en août 2004 et ils sont poursuivis pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et "appartenance à une bande criminelle". L'examen de l'affaire a été reporté au lundi 27 décembre suite à une requête écrite du Procureur général à la Cour d'appel de Rabat pour entreprendre une instruction supplémentaire. Pour leur part, les avocats de la défense ont demandé à la Cour de convoquer l'ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley et le ministre marocain de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, afin d'avoir une idée sur "les procédures de référence et les documents sur la base desquels les prévenus ont été déférés devant la justice". "Le témoignage de l'ambassadeur américain et du ministre de la Justice est important car il nous permettra de savoir dans quelles conditions ces cinq détenus ont été transférés de Guantanamo et sur quelle base juridique", affirme Me Abdelfettah Zahrach, l'avocat d'Abdellah Tabarak et de Mohamed Mazouz, deux des cinq Afghans-Marocains. Me Zahrach précise également que "la loi prévoit exactement les modalités de transfert d'un prisonnier et nous souhaitons savoir si toutes les conditions ont été respectées". Au moment du transfert des cinq détenus, les médias nationaux officiels, on parle de coopération internationale pour la lutte contre le terroriste. "Or, nous n'avons retrouvé dans les dossiers des cinq prévenus aucun document attestant d'une quelconque coopération internationale. Les Etats-Unis se sont tout simplement débarrassés de ces cinq individus", avait déclaré Me Zahrach à ALM. Et pour cause, le dossier d'accusation ne comporte ni PV des interrogatoires éventuellement réalisés à Guantanamo, ni avis de recherche international, ni même une demande d'extradition. A noter qu'Abdellah Tabarak est un ancien employé d'une agence de transport urbain, né en 1955 à Ouled Frej (El Jadida). Il est également présenté comme étant un ancien garde du corps d'Oussama Ben Laden au Soudan et en Afghanistan. Redouane Chakouri est un ancien marchand ambulant, né en 1972 à Safi. Quant à Mohamed Ouzare, il est né en 1979 à Khouribga et travaillait comme aide-plombier.