Invité du débat organisé par l'Alliance Pro, Karim Ghallab, ministre du Transport et de l'Equipement a souligné l'urgence de mettre rapidement en place le programme du gouvernement en matières de projets porteurs de développement. Il est ministre du Transport et de l'Equipement, directeur général de l'ONCF. Il est en charge des ports, des autoroutes, des aéroports. Il supervise tous les ouvrages délégués qui ont lieu au Maroc (Ecoles, hôpitaux…). Bref, Karim Ghallab, ingénieur de Ponts et Chaussées est en charge de tout ce qui se construit au Maroc. L'inviter pour un débat sur les grands travaux au Maroc, comme cela a été le cas, mercredi dernier au siège de la BCM, lors de la rencontre organisée par l'Alliance professionnelle de réflexion et d'orientation (Alliance Pro) paraît donc chose normale. Mais il fallait y penser. Et c'est désormais fait. La rencontre avait pour but de cerner les enjeux des grands travaux figurant dans le programme gouvernemental, de définir les priorités en la matière, se saisir des moyens de financements disponibles ou possibles et d'entrevoir le rôle que peut jouer l'entreprise marocaine dans ce sens. Un chantier aussi large que tous ceux dont le ministre à la charge. Après un retard de plus d'une heure, le débat a enfin été enclenché. D'abord, à travers une présentation par Fouad Douiri, vice-président d'Alliance Pro, des différents travaux d'infrastructure entamés depuis l'indépendance au Maroc. Il en ressort que des avancées considérables ont été réalisées : gestion de l'eau via la politique des barrages, programme d'électrification (PERG) à travers notamment la centrale de Jorf Lasfar, développement du programme des routes et des autoroutes…On vient certes de loin. « Mais les besoins de croissance et d'emploi nous obligent tous à accélérer le pas », a déclaré M. Douiri. Une accélération qui, d'après les propos de M. Ghallab, semble bien entamée. Il en veut pour preuve les deux axes principaux sur lesquels le programme gouvernemental est basé. Le premier en est la mise à niveau de l'économie, qui suppose la création d'infrastructures à même de participer à la création d'un cadre et environnement propices au développement de l'entreprise. Le deuxième est relatif à la politique de proximité qui implique le désenclavement des régions isolées du pays. Un objectif qui passe forcément par des travaux de grandes envergures visant un développement global. Avec un budget de l'ordre de 32 milliards DH sur les cinq ans que dure le programme gouvernemental, pour des opérations « visibles, apparentes », dont 11 milliards pour le programme autoroutier, d'aucun dirait que le Maroc est sur la bonne voie. De 40 km par an, ce programme vise la création de 100 km. Le réseau autoroutier existant est de 500 km. «À 2007, nous comptons atteindre 400 km supplémentaires afin d'assurer une desserte critique. Notre espoir est que ce soit un minimum», a rappelé le ministre et d'ajouter que les autres projets, tels que Tanger Méditerranée, ambitionnant de faire d'une région pauvre une zone créatrice de richesses, s'inscrivent dans cette logique. Idem pour les projets aéroportuaires en cours, la Rocade routière…Pour le ministre, et si au montant global précité, on ajoutait 9 autres milliards pour des projets moins visibles, le total des investissements étatiques sur les cinq serait de 45 milliards DH. Le chiffre paraît des plus honorables. Mais, selon le ministre, la simple comparaison avec les pays d'Europe qui ont enregistré un saut qualitatif en la matière (Espagne, Portugal) est là pour témoigner qu'on est encore loin du compte. « Ayant pour but non seulement la promotion de l'entreprise marocaine mais aussi celle de l'investissement étranger, mise à niveau des infrastructures a aussi pour principal axe la réforme du secteur du transport dans ses trois composantes », insiste M. Ghallab. Exemple : la libéralisation du cadre institutionnel du transport routier, entamé le 13 mars dernier, a permis depuis la création de 200 entreprises. Mieux encore, le verrou des difficultés liées à ce secteur et qui constituaient un poids lourd à supporter pour les investisseurs est désormais levé. La libéralisation en cours de la gestion des ports permettrait aux entrepreneurs de ne plus subir les affres des statuts de monopoles qui caractérisent les ports marocains. Idem pour l'aérien dont « l'ouverture progressive et rationnelle » ne manquerait pas de dynamiser le secteur et, partant, les activités qui lui sont liées, le tourisme, notamment. S'agissant de la proximité, Karim Ghallab a rappelé que de 1000 km de routes rurales par année, le programme gouvernemental s'est engagé sur 1500/an. Ce qui profiterait à terme à plus à 1,2 million de marocains. La relation entre investissement et croissance n'est plus à démontrer, c'est à l'Etat d'assurer l'existence d'infrastructure qui puisse promouvoir un développement possible de l'économie, au-delà de l'aspect rentabilité, propre aux entreprises. « Il ne faut pas attendre la date optimale pour réaliser un projet. Il faut être anticipatif », a indiqué M. Ghallab. D'où l'importance que revêtent des investissements en infrastructures financés par l'Etat. Les tentatives d'un financement privé ont été vouées à l'échec. Ce dernier est censé rentabiliser ses investissements, et non pas les consacrer.