Le besoin compulsif de consulter son smartphone peut être le signe, pour l'utilisateur, qu'il redoute de passer à côté d'une information s'il reste déconnecté. Pour en savoir plus sur la relation qu'entretient un utilisateur avec son téléphone, Kaspersky Lab a mené une expérience par les universités de Wurtzbourg (Allemagne) et de Nottingham-Trent au Royaume-Uni. Ainsi, les chercheurs ont observé le comportement d'hommes et de femmes laissés seuls dans une salle d'attente et il en ressort que les femmes attendent en moyenne 57 secondes avant de saisir leurs smartphones, contre seulement 21 secondes pour les hommes (quasiment 3 fois plus). Ces chercheurs ont demandé aux participants combien de temps ils pensaient avoir attendu avant de s'emparer de leurs smartphones. Bien entendu, la majorité a surévalué ce temps et répondu «entre deux et trois minutes», soit 3 fois plus de temps pour les femmes et 6 fois plus pour les hommes, montrant le fossé qui sépare la perception du comportement réel. Cette expérience dévoile donc pourquoi la plupart des utilisateurs paraissent étonnés et vont jusqu'à nier en bloc lorsqu'ils sont qualifiés de «geeks» ou «d'associables» par leur entourage taquin. Dans ce sens, David Emm, chercheur en chef spécialiste des questions de sécurité chez Kaspersky Lab, a indiqué que «les smartphones font partie intégrante de notre existence, mais il faut garder à l'esprit qu'il s'agit d'une commodité que l'on tient souvent pour acquise. Leur omniprésence à nos côtés nous pousse à oublier à quel point ils sont précieux puisque nous leur confions nos souvenirs et d'autres données personnelles». Et de poursuivre : «Or s'ils nous sont très précieux, ils le sont aussi pour les pirates. Si nos données personnelles sont compromises, que ce soit suite à un vol ou à une attaque malveillante, le lien qui nous unit à nos amis et à nos sources d'information risque d'être brisé». En effet, de nos jours, consulter notre smartphone est devenu un réflexe lorsque nous nous retrouvons seuls. Le moment d'attente subi prend une toute autre dimension. L'immédiateté des informations et des interactions offertes par ces appareils intelligents en font des compagnons digitaux qui nous relient au monde extérieur, et non plus de simples équipements technologiques. Le besoin compulsif de consulter son smartphone peut être le signe, pour l'utilisateur, qu'il redoute de passer à côté d'une information s'il reste déconnecté. Cette «peur de manquer de quelque chose» (FOMO pour fear of missing out) est une forme d'anxiété sociale. Et dans une enquête complémentaire, les participants qui ont utilisé leur téléphone particulièrement vite et le plus longtemps ont reconnu ressentir ce symptôme. Par ailleurs, l'étude révèle que plus un utilisateur se sert de son smartphone, plus son niveau de stress augmente. Mais étonnamment, sur la question relative au sentiment de plénitude globale ressenti par les participants, la différence est quasi nulle entre «les utilisateurs addicts» et les autres plus occasionnels. Le stress lié à l'usage du smartphone ne semble donc pas avoir une influence majeure sur le bien-être général des uns et des autres.