La problématique des petites bonnes ne date pas d'hier. Pour la société civile, elle serait tellement ancrée dans l'esprit des familles que la société la tolère. L'abolition du travail des enfants mineurs au Maroc commence à donner ses fruits. A ce jour, onze associations ont pu profiter du soutien du gouvernement afin de bien mener leur mission. Celle-ci consiste à éradiquer l'exploitation des enfants mineurs dans le domaine du travail en général, et dans le travail domestique en particulier. Le phénomène des petites «bonnes», nourri par des contraintes socio-économiques, a poussé le législateur à mettre en place un projet de loi afin d'adhérer aux conditions de travail internationales. Le reste à faire consiste à intervenir au niveau de ces familles dont les enfants sont exploités chez d'autres. Il est à souligner que la problématique des petites domestiques ne date pas d'hier. Pour la société civile, elle serait tellement ancrée dans l'esprit des familles que la société la tolère. Dans ce sens, il est intéressant de revenir que les premières actions prévues par ces ONG afin de bien mener leur mission de réintégration de ces jeunes dans le milieu social et éducatif. Grâce à une convention signée en 2009 avec l'Etat, pas moins de «111 filles ont été retirées du travail domestique. La réinsertion à l'école de ces mineures commencera à partir de la rentrée scolaire, le mois de septembre prochain», annonce Omar Saadoune. En sa qualité de chargé du programme de réinsertion des domestiques mineures au sein de l'association Insaf, celui-ci poursuit: «Actuellement les filles parrainées par Insaf sont au nombre de 179 en totalité. Dans le cadre du partenariat avec le ministère, nous avons mis en place une stratégie qui vise à répertorier les familles qui envoient leurs filles travailler dans les grandes villes. Ces filles proviennent en général de régions enclavées et précaires, comme la région de Chichaoua et Kelaa Sraghna». D'après les constats de Omar Saadoune, si ces filles sont devenues «domestiques» à un âge prématuré, c'est à cause de la précarité du niveau de vie dans ces régions. «Généralement ce sont des familles très pauvres. Nous avons même eu le cas de trois pères qui ont refusé de retirer leurs filles des «familles d'accueil» (employeurs). Sur les trois cas, les chefs de famille ont des états de santé contraignants, et placent leurs filles chez des proches en guise de reconnaissance, vu que ces proches subviennent aux frais médicaux du père malade», explique Omar Saadoune. Bien entendu, l'intervention d'Insaf n'est qu'une parmi plusieurs. Une cinquantaine d'associations se sont fixé la même mission, en opérant avec différentes approches dans plusieurs régions marocaines. Les interventions du collectif commencent par la détection des enfants travailleurs à partir d'enquêtes basées sur du porte-à-porte. Ensuite les familles sont sensibilisées par rapport à l'impact psycho-éducatif du travail à un âge prématuré sur l'enfant. Le travail domestique étant considéré comme l'une des pires formes de travail, selon l'Organisation internationale du travail. Toutefois, la convention signée avec l'Etat permet à chaque association la prise en charge de 50 filles affranchies. «Ce qui n'est pas négligeable pour un début», précise la même source. Pourtant, les acteurs associatifs restent sceptiques quant aux cinq ans de transition prévue sur le texte de loi. D'après eux, le nombre d'années peut laisser place à une récidive massive de la part des familles concernées par l'exploitation de ces «petites domestiques». Maryem Laftouty (jourlnaliste stagiaire)