Entretien avec Afaf Berrada, directrice de l'association Al Ikram ALM : Quel est le bilan des 20 ans d'existence de l'association ? Afaf Berrada : Après avoir débuté ses activités à travers l'opération ramadan en 1996, l'association a peu à peu diversifié ses activités vers un impact plus durable. Aujourd'hui, notre mission est la réinsertion sociale, scolaire et professionnelle des plus démunis. C'est ainsi que 150 enfants ont acquis une existence juridique grâce à l'acquisition de leurs papiers d'état civil. 1.200 enfants déscolarisés ont retrouvé le chemin de l'école ou de la formation professionnelle. 45.000 familles ont bénéficié de dons de denrées alimentaires distribuées lors de l'opération ramadan organisée chaque année. 1.000 femmes en situation sociale et familiale précaire ont participé aux ateliers d'alphabétisation et de formations techniques débouchant sur des activités génératrices de revenu. Aujourd'hui, pour pérenniser davantage les actions, l'association s'est lancée dans l'entrepreneuriat social. Quels sont les moyens humains et financiers dont vous disposez pour développer l'entrepreneuriat social ? Le projet Ressourc'In est né de la mission même d'Al Ikram, qui est l'insertion sociale et professionnelle de personnes en situation précaire. Il est né des difficultés rencontrées par nos bénéficiaires et nos équipes lors de la 1ère insertion professionnelle car nous ciblons des personnes éloignées de l'emploi, déscolarisées et sans expérience. Nous avons remarqué que le secteur des métiers «verts» est un domaine où il existe une vraie opportunité d'emploi et un réel besoin en main-d'œuvre. Or il n'existe pas de formations techniques répondant à la demande. L'ESI est une entreprise sociale d'insertion, ayant un double objectif, environnemental et social, d'insertion professionnelle. Nous bénéficions du soutien de la Fondation Drosos, Valyans Consulting et la préfecture de Ben Msik. Quels sont les résultats escomptés ? Pendant les 4 prochaines années, nous comptons former 80 personnes en situation précaire, issues des quartiers de Ben Msik et de Moulay Rachid, à la collecte et à la valorisation technique des déchets. EIles vont également bénéficier de formation pour le renforcement des capacités compétences transversales, compétences comportementales, esprit d'entrepreneuriat et éducation financière. 40 personnes seront directement insérées dans l'ESI (entreprise sociale d'insertion) en tant qu'agents de collecte et agents de valorisation. Le projet Ressourc'In est soutenu par la Fondation Drosos, Valyans Consulting et la Préfecture de Ben Msik. Le budget du projet est de 4.700.000 DH sur 4 ans. Nous disposons d'une équipe projet composée du chef de projet et du responsable insertion, et nous allons recruter les responsables atelier de valorisation. Nous travaillons également avec des designers marocains et des experts internationaux sur la collecte et le recyclage de papier. Quels sont, selon vous, les principaux obstacles qui freinent l'entrepreneuriat social ? J'en citerais deux principalement, à savoir celui lié au manque de connaissance et de formation et l'absence d'avantages fiscaux ou d'emplois subventionnés par l'Etat. Comment évaluez-vous l'engagement de l'Etat pour soutenir la cause ? L'Etat s'intéresse de plus en plus à la problématique. Une loi dans ce sens serait en gestation, ce qui est une bonne chose.