S'il est vrai qu'il existe des femmes qui partent à dessein vers les pays du Golfe pour se prostituer, d'autres se retrouvent prises au piège malgré elles dans un univers malsain. C'est souvent suite à des plaintes émanant des ambassades marocaines que le problème des réseaux de prostitution vers les pays du Golfe est soulevé. Il semblerait que les Marocaines sont très prisées dans le secteur des « prestations sexuelles ». Mais ce qu'il faut signaler, c'est qu'elles sont nombreuses, celles qui optent pour l'immigration vers les pays du Golfe uniquement pour travailler dans le secteur dit de nettoyage ou de « foyer ». Et si le phénomène de la prostitution s'est vite propagé, c'est à cause de ces réseaux de recrutement qui lèsent les jeunes filles issues de milieux défavorisés. Le contact est établi à travers des intermédiaires (souvent des femmes) qui lancent l'information, souvent sous cette formule : « il existe des contrats de travail à vendre ». Le bouche-à-oreille se charge du recrutement local, et les cafés sont souvent le lieu de rendez-vous préféré des candidates au voyage. C'est suffisant pour que chaque famille remue ciel et terre pour se procurer l'argent (allant de 8000 à 15.000 DH) et envoyer leur fille. Ils espèrent que dans quelques années tous leurs problèmes financiers seraient résolus grâce à la manne céleste qu'apporterait la candidate au travail. Cependant, les pays du Golfe, réputés pour être intraitables en matière de visas pour les ressortissants du Maghreb, distribuent pourtant des visas à des filles en général sans qualification. La couverture est simple : hôtesses, coiffeuses, domestiques, vendeuses, serveuses ou encore mannequins. Quel que soit le type du contrat, les filles se retrouvent dans les filets de la prostitution. Les Marocaines, plus flouées sur la nature de leur futur emploi, se retrouvent prostituées dans les boîtes de nuit, ou, plus discrètement, dans des salons de coiffure aménagés à cet effet. Les réseaux qui exportent cette main-d'œuvre sont bien organisés. Les rabatteuses du réseau, dont certaines ont déjà séjourné dans les pays arabes en question, promettaient à leurs victimes des emplois bien rémunérés dans des établissements touristiques. Une fois arrivées à destination, les victimes sont dépossédées de leurs passeports et contraintes à se livrer à la débauche pour le compte du réseau. Parfois certains réseaux constituent la forme de « voyoucratie » la plus primaire. Il existe des « camps » de soumission où les femmes sont littéralement achetées et violées collectivement dans des demeures de notables extrêmement riches ; puis elles sont trimbalées jusque dans des villas chez des moins riches. Elles sont véritablement séquestrées dans des chambres communes, à la merci de leur pseudo-employeur, qui peut les renvoyer à tout moment en vertu des législations locales en vigueur. Le phénomène a tellement pris de l'ampleur que de nos jours, on effectue les mêmes opérations vers d'autres pays du Moyen-Orient de même niveau de vie que le nôtre, sinon inférieur. En février 2003, le tribunal de première instance d'El Jadida a condamné, les membres supposés d'un réseau de traite des blanches à destination de la Syrie et de la Jordanie. Difficile de dire qui suit le courant de son plein gré.