Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, rejoint l'axe franco-allemand et s'engage avec le président français, Jacques Chirac, et le chancelier allemand, Gerhard Schröder, à construire une Europe forte et unie. L'Espagne rejoint le noyau fort de l'Union européenne. Le sommet qui a réuni, lundi, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, le chef de l'Etat français, Jacques Chirac, et le chancelier allemand, Gerhard Schröder, a marqué le début d'une nouvelle étape dans la construction européenne. Sur invitation du chef de l'exécutif espagnol, les trois dirigeants européens se sont réunis à Madrid pour un sommet informel pour débattre les questions européennes et internationales. Au cours de cette rencontre tripartite, ils se sont engagés à travailler ensemble pour la construction d'un continent fort et uni et à œuvrer d'une manière conjointe pour que la nouvelle constitution de l'Union européenne soit approuvée et ratifiée par les Etats membres. En invitant le président français et le chancelier allemand à se réunir à la Moncloa (siège de la présidence du gouvernement espagnol), Zapatero rejoint officiellement l'axe franco-allemand qui constitue le pôle le plus attaché à la construction d'une Europe unie et ayant une politique étrangère unifiée face aux Etats-Unis. Le sommet hispano-franco-allemand officialise, par ailleurs, la rupture du président du gouvernement espagnol avec la politique transatlantique adoptée par son prédécesseur, le Populaire José Maria Aznar. Rappelons que ce dernier avait adopté une politique de rapprochement avec les Etats-Unis et avait rallié l'axe Londres-Washington. L'image du sommet des Açores qui avait réuni le président américain, Georges W. Bush, le Premier ministre britannique, Tony Blair, et José Maria Aznar pour préparer la guerre contre l'Irak était présente lors du sommet qui a réuni, lundi, Chirac, Schröder et Zapatero. La rencontre de Madrid illustre en effet la fin de l'étape de la rupture avec les alliés européens initiée par Aznar, notamment sur la question de l'invasion de l'Irak. D'ailleurs, ce sujet figurait à l'ordre du jour de la réunion des trois dirigeants qui ont aussi parlé de l'Afghanistan ainsi que d'autres conflits internationaux. Lors de la conférence de presse conjointe au Palais de la Moncloa, José Luis Rodriguez Zapatero a qualifié le sommet de rencontre entre trois "fervents pro-européens", et a assuré que la "vieille Europe" était toujours vivante. "La vieille Europe est comme neuve", a-t-il dit en se référant indirectement aux propos tenus par le secrétaire d'Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui avait critiqué l'attitude européenne concernant la guerre contre l'Irak. Le président du gouvernement espagnol a aussi appelé à l'adoption de la Constitution européenne et a annoncé que les trois pays oeuvreraient ensemble auprès de l'opinion publique pour la faire approuver. De son côté, le chancelier allemand s'est félicité de la nouvelle politique espagnole et a souligné que Zapatero a montré qu'il voulait que l'Espagne joue un rôle important en Europe et il l'a remercié pour ses concessions qui ont permis l'accord entre les dirigeants européens sur la constitution. "C'est quelque chose d'historique, une réalisation historique dans l'histoire européenne", a-t-il dit. Le président français, Jacques Chirac, a pour sa part souligné que les trois pays voulaient faire avancer la construction européenne. S'agissant de la crise irakienne, il a souligné que "la situation est grave" dans ce pays. "Nous avons ouvert la boîte de Pandore que nous sommes aujourd'hui incapables de refermer, et cela risque d'avoir des conséquences graves", a déclaré le chef de l'Etat français. Ainsi, le sommet de Madrid marque le début d'une nouvelle étape dans la politique étrangère espagnole. Une étape qui sera marquée par un retour en force sur la scène européenne où Madrid jouera désormais un rôle principal au lieu de se contenter de faire de l'opposition improductive qui ne servait qu'à freiner la marche de l'Europe.