Le cinquième Conseil des ministres franco-allemand a été une occasion pour le chancelier allemand d'apporter son soutien à la campagne du oui, actuellement en difficulté, en France. Le chancelier allemand, Gerhard Schröder, venu avec la quasi-totalité de son gouvernement, mardi 26 avril à Paris, au secours du référendum français sur la Constitution européenne, a apporté son appui à la campagne pour le "oui" menée par le président Jacques Chirac. À l'occasion du cinquième Conseil des ministres franco-allemand, les deux chefs d'états ont déclaré que le concert que la ratification de la Constitution européenne serait une étape importante pour affirmer le poids de l'Europe sur la scène internationale. La Constitution européenne est une «étape majeure dans l'affirmation du projet politique européen, tels que nos pays le portent depuis ses origines», ont affirmé les deux chefs d'Etat dans la déclaration finale du Conseil de défense et de sécurité franco-allemand. Avec l'appui marqué du chancelier, Jacques Chirac a accentué son offensive pour le "oui" au référendum en mettant en garde les adversaires de la Constitution européenne contre un affaiblissement de la France et l'arrêt de cinquante ans de construction européenne. Il a estimé que la France se trouverait sur le bord du quai alors que le train passe si le "non" l'emportait. «Le 29 mai, pour la France le choix sera simple : si on vote "non", on prend la responsabilité d'interrompre 50 ans de construction européenne, 50 ans de cheminement vers la paix, la démocratie», a déclaré Jacques Chirac. «Si on vote "non", on prend la responsabilité d'affaiblir la France et sa capacité à défendre ses intérêts et ses valeurs dans l'Europe et dans le monde de demain», a-t-il souligné. Il a ensuite ajouté qu'en votant "non", les Français vont laisser le champ libre aux partisans d'une vision ultra-libérale de l'Europe. En évoquant à nouveau la polémique française sur la directive Bolkestein, M.Chirac a assuré que le Traité constitutionnel favoriserait la sauvegarde d'un modèle social européen contre le "dumping social". Le président a précisé que dorénavant toutes les politiques doivent être inspirées par les exigences sociales. Alors que de nombreux Français accusent la Constitution d'être trop libérale, Jacques Chirac a affirmé qu'au contraire, elle rééquilibre la construction européenne en la faisant passer davantage de l'économique vers le social, notamment par la prise en compte des exigences sociales dans toutes les politiques de l'Union. En ce sens, Jacques Chirac a noté que la crise du textile opposant l'UE à la Chine est «un témoignage supplémentaire de la nécessité de nous unir». «Nous sommes plus forts si nous sommes ensemble, les Européens, pour défendre cette industrie, que si nous sommes séparés », a avancé M.Chirac. Ce sont «des problèmes que le "non" à la Constitution n'aidera absolument pas à résoudre, bien au contraire», a approuvé Gerhard Schröder. Souhaitant éviter tout «dumping social», M. Schroder a souhaité que le nouveau projet de directive affirme que les «prestations de service doivent se faire dans le respect des règles minimum qui s'appliquent au lieu de la prestation». «Voter "oui", c'est renforcer la France» et «l'Europe», a plaidé Jacques Chirac. Car ce traité «va permettre à la France d'être plus forte en Europe et à l'Europe d'être plus forte dans le monde». «Dire "oui"» le 29 mai, c'est «augmenter de près de 50% le nombre de voix dont la France dispose au sein du Conseil et donc son pouvoir» , a-t-il avancé. «Cette Constitution, c'est tout ce que nous avons toujours voulu obtenir, martelé Jacques Chirac. Pour sa part, M.Schröder s'est voulu optimiste. «Je reste confiant», a-t-il affirmé. «Je mise sur un "oui" français et allemand». Il a appelé la France «berceau» des idées européennes à «rester fidèle à ses promesses». Malgré un recul de 3 points, le non reste majoritaire dans les intentions de vote des Français (52 %), selon un sondage Ipsos pour Le Figaro et Europe 1 publié le 25 avril.