Deux semaines après l'attentat meurtrier de la synagogue de Djerba, le président Ben Ali limoge son ministre de l'Intérieur Abdallah Kaâbi, remplacé par un de ses proches, Hédi M'henni. Après avoir longtemps soutenu la thèse de l'accident concernant l'explosion de la synagogue de Djerba, les autorités tunisiennes ont récemment dû se résoudre à parler d'un «acte criminel». Et, samedi, à l'issue d'une entrevue entre le chef d'Etat et le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, la sanction est même tombée : le ministre de l'intérieur Abdallah Kaâbi et son secrétaire d'Etat chargé de la Sûreté nationale, Mohamed Ali Ganzoui, ont été démis de leur fonction. Le premier a été aussitôt remplacé par un proche du président Ben Ali, Hédi M'henni, jusque-là ministre des Affaires sociales. Un portefeuille qui revient désormais au président du Conseil économique et social, Chédli Neffati. Au second, considéré comme le numéro 1 de la sécurité nationale, succède par ailleurs Mohamed Hédi Ben Hassine. Ce général de corps d'armée en retraite hérite cependant du titre de directeur général de la Sûreté nationale, et non de secrétaire d'Etat. Ce remaniement ministériel est la conséquence politique de l'attentat suicide survenu le 11 avril dernier, près de la synagogue de la Ghriba, à Djerba, une île du Sud tunisien. L'explosion provoquée par un camion citerne de gaz avait fait 18 morts dont 11 touristes allemands, cinq Tunisiens, un Français et le chauffeur franco-tunisien. Le président Ben Ali a par ailleurs décidé d'apporter une contribution d'un million d'euros au Fonds allemand de dédommagement des victimes de l'attentat, selon le journal Assabah. La création de ce fonds initiée par le chancelier allemand Gerhard Schröder avait été évoquée par le ministre allemand de l'Intérieur Otto Schily, au cours de sa visite en Tunisie les 21 et 22 avril. Le gouvernement allemand a annoncé y avoir déjà versé 10 millions d'euros et appelé les particuliers allemands à y contribuer.