«Etudiée» par la France, la menace d'un nouvel attentat mobilise toujours les experts internationaux. Entre arrestations et suspicions, le jeu de cache-cache vicieux auquel se livre Al-Qaïda continue. Le Conseil de sécurité intérieure (CSI) français, qui s'est réuni la semaine dernière, « a évoqué les menaces terroristes qui pourraient peser sur la France » mais ses « travaux sont marqués par le confidentiel-défense ». Par ces propos, le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin entendait samedi répondre aux interrogations des médias de l'hexagone, suscitées par les récentes révélations d'Interpol. Selon elle, Al-Qaïda préparerait en effet de nouveaux attentats, en Europe et plus particulièrement en France. Dans un entretien publié vendredi par le journal Figaro, le secrétaire général d'Interpol, Ronald Noble, a indiqué que «Oussama Ben Laden était en vie» et «qu'en ce moment même, Al-Qaïda préparait une opération terroriste d'envergure, des attaques simultanées qui ne viseraient pas seulement les Etats-Unis, mais plusieurs pays à la fois». Selon ce responsable, «l'attentat de Bali ou la prise d'otages de Moscou» s'inscriraient dans «un contexte de globalisation de la terreur». «Il se trame quelque chose d'inquiétant», a même affirmé le responsable de l'organisation policière internationale, basée à Lyon (Sud-est de la France). Des attentats sont imminents en Europe ? Certes, la coopération entre les différents services sécuritaires de Paris, Madrid, Rome, Londres et Berlin notamment, a permis de démanteler plusieurs cellules terroristes. Et même d'empêcher des attentats. Mais ces nombreux coups de filet sont tout aussi inquiétants puisqu'ils ont dans le même temps révélé la présence manifeste de groupes terroristes sur le vieux continent. Les récentes arrestations de Lyon et Marseille, en rapport avec l'attentat de Djerba (Tunisie), ont été officiellement liées à Al-Qaïda par le ministère français de l'intérieur vendredi. Trois des six personnes en garde à vue depuis mardi ont été placées en détention samedi. Selon une source proche du dossier, il s'agirait de Walid Naouar, le frère de l'auteur de l'attentat contre la synagogue tunisienne, d'un oncle, Mohamed Fehti Nawar, et d'un proche de la famille, Tarek Hdia. Ces hommes faisaient-ils partie d'une «cellule dormante» ou étaient-ils des «électrons libres» adeptes de Ben Laden ? Selon les experts, ces derniers sont les plus dangereux. Sans ordre, ils peuvent frapper au nom de leur héros, n'importe où et n'importe quand - d'où le nom qui leur a était donné par les experts. Ce profil correspondrait d'ailleurs peut-être à celui du kamikaze de Djerba qui avait certes contacté un chef d'Al-Qaïda, mais dont on ignore s'il avait ou non reçu des instructions précises. Que dire de l'attentat de Bali le 12 octobre dernier ? Les interrogatoires menés par la police indonésienne n'ont cessé tout au long de la semaine dernière de se multiplier sans que l'on n'en sache davantage sur les auteurs de l'attaque. Un nouveau suspect, le propriétaire d'un magasin de produits chimiques soupçonné d'avoir fourni les ingrédients pour fabriquer la bombe, était encore interrogé samedi par les autorités. Son interpellation a suivie celle d'un autre homme, Amrozi, accusé d'avoir acheté une tonne de produits chimiques dans son magasin. Le général Pastika, responsable de l'enquête, avait déclaré vendredi qu'Amrozi avait reconnu avoir participé à la fabrication de la bombe. Cet homme et les autres suspects arrêtés étaient-ils liés au réseau Al-Qaïda ? Au groupe local de la Jamaah Islamiyah ? Jakarta est jusqu'à présent restée muette sur cet aspect du dossier.