Le réseau Al-Qaïda, objet d'un étude publiée mardi par l'ONU, compterait encore quelque 10.000 « agents » actifs. Toujours équipée de camps d'entraînements, la nébuleuse reste plus que jamais menaçante. «Al-Qaïda constitue toujours une menace mondiale contre la paix et la sécurité malgré les coups significatifs portés à son infrastructure». Ce constat fait par les Nations-Unies, dans leur rapport diffusé mardi, s'appuie sur une estimation effrayante : 10.000 fidèles de la nébuleuse Ben Laden sont toujours dispersés dans le monde ! Le rapport onusien est à prendre au sérieux puisqu'il a été rédigé par une commission de surveillance de cinq experts, créée par le Conseil de sécurité après les attentats du 11 septembre 2001. Cette étude souligne aussi qu'Al-Qaïda dispose toujours de ressources financières, d'armes et de recrues. « Al-Qaïda est un mouvement de masse insidieux et aucun pays ou groupe de pays ne peut seul faire face aux problèmes qu'il pose », rapporte la commission, prônant ainsi la nécessité d'intensifier encore la collaboration internationale dans ce domaine. « Al-Qaïda semble avoir souffert de coups significatifs portés à sa structure mais il continue à poser une menace substantielle à l'échelle mondiale », ajoute le rapport tout en avertissant que « sans partage d'information à grande échelle, sans coopération policière et sans contrôles financiers complets au niveau international, Al-Qaïda continuera d'être capable de résister, de recruter et de se réarmer». Dispersés et anonymes pour la plupart, ces agents du terrorisme continuent aussi de se déplacer d'un pays, ou d'un continent, à l'autre, sans être inquiétés. Leur multitude comme leurs profils divers les rendent également difficilement localisables même si, depuis les attaques du 11 septembre, de nombreux responsables du réseau et groupes affiliés ont pu être identifiés. L'ONU a d'ailleurs publié à ce propos sa « liste noire » – encore incomplète – de 300 noms de leaders et d'associations terroristes. Elle a par ailleurs révélé l'existence de nouveaux camps d'entraînement dans l'est de l'Afghanistan, près de la frontière pakistanaise. Une zone de quasi non-droit et que les Américains et leurs alliés ont encore du mal à contrôler alors que de nombreux anciens Talibans et combattants de Ben Laden y sont réfugiés. « Des recrues continuent de rallier ses rangs et (le réseau) contracte toujours des alliances avec des groupes extrémistes nationaux ou régionaux prêts à recourir au terrorisme pour atteindre leurs objectifs », a estimé mardi Michael Chandler, responsable de la commission. Dans son rapport, l'ONU considère enfin que les récents attentats de Bali, le 12 octobre en Indonésie, et de Mombasa, le 28 novembre au Kenya, témoignaient de ramifications d'Al-Qaïda et de l'existence d'une coalition de groupes extrémistes en Asie du Sud-Est et en Afrique orientale. Ces attaques ont aussi révélé que le réseau avait changé de tactique en choisissant des cibles faciles, de préférence avec un nombre maximum de victimes. Certes depuis le 11 septembre 2001, Al-Qaïda a subi de sérieux coups durs grâce à une mobilisation internationale dans la lutte contre le terrorisme. En Europe, les coups de filet des dernières semaines ont toutefois montré que beaucoup restait encore à faire et que nul ne pouvait s'estimer à l'abri d'une attaque. Les quatre hommes – et non trois comme annoncé mardi – arrêtés lundi près de Paris et soupçonnés d'avoir projeté un attentat chimique est là pour le confirmer. Mardi, trois hommes d'origine yéménite, considérés comme proche de la cellule « Buffalo », ont ensuite été interpellés aux Etats-Unis. Mercredi, sept Maghrébins ont enfin été arrêtés par la police anti-terroriste britannique à Edimbourg (Ecosse) et à Londres. L'Italie, quant à elle, annonçait officiellement l'interpellation de 116 « terroristes » sur son territoire depuis septembre 2001.