Plusieurs responsables américains estiment que les risques d'attentats sont actuellement très élevés, notamment aux Etats-Unis et en Arabie saoudite. De l'aveu du président Bush, le terrorisme international mené par Al-Qaïda est une menace réelle. A partir d'aujourd'hui et jusqu'au moins lundi prochain, les Etats-Unis comptent fermer toutes leurs représentations diplomatiques en Arabie saoudite. Le royaume wahhabite pourrait en effet être la cible « imminente» de nouveaux attentats après la triple attaque à la voiture piégée qui a fait 34 morts, majoritairement des Occidentaux, le 13 mai à Riyad. Une crainte partagée par de nombreux pays qui ont renforcé leurs propres mesures sécuritaires et haussé leur niveau d'alerte depuis les attentats du 16 mai à Casablanca. L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, le prince Bandar ben Sultan, avait lui-même déclaré lundi qu'il existait un risque accru d'attaques terroristes, notamment en Arabie saoudite et aux Etats-Unis. Selon lui, le silence observé par Al-Qaïda ces derniers mois serait dû à des divisions qui la paralysaient. «Mais ses membres ont aplani leurs divergences et ont décidé de passer à l'action », a-t-il estimé sur la base d'informations recueillies par les autorités de son pays. Une thèse appuyée par de nombreux services de renseignements. Aujourd'hui, des agents de second rang d'Al-Qaïda auraient pris les places laissées vacantes au sein du réseau par les décès ou les captures des dirigeants. Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, lieu de naissance d'Oussama Ben Laden, sont loin d'être les seules cibles potentielles du terrorisme international. On l'a vérifié lors des attaques déjouées dans nombreux pays d'Europe, lors de l'attentat de Djerba, en Tunisie, en avril 2001, ceux au Pakistan, notamment contre des ressortissants français en mai 2001, ou encore l'attaque de Bali, en Indonésie, en octobre dernier, et celles de Mombasa, au Kenya, en novembre. Et enfin les bombes humaines de Casablanca vendredi dernier… Reste que dans la plupart des cas, les Etats-Unis, leurs alliés ou leurs intérêts étaient visés. Un constat qui a fait dire mardi au FBI qu'Al-Qaïda pourrait effectivement monter de nouvelles opérations terroristes sur le sol américain. Le bureau fédéral a estimé mardi que les attentats de Riyad «indiquent que le réseau demeure actif et hautement compétent». Le président George W. Bush a beau assurer que « lentement mais sûrement » ses services sont en train de la démanteler, le mode de fonctionnement de cette nébuleuse est tellement complexe que, dans la majorité des attentats pré-cités, un lien avec le groupe Ben Laden n'a pas toujours pu être formellement établi. Le président américain a d'ailleurs reconnu, lundi, que «le monde dans lequel nous vivons est toujours dangereux ». A propos des événements de Casablanca, il a indiqué que les Etats-Unis « travaillaient sur les indices recueillis (...) pour déterminer s'il y a une connexion entre l'opération d'Al-Qaïda en Arabie saoudite et ce qui s'est passé au Maroc. Le temps nous le dira». Son nouveau porte-parole, Sean McCormack, a rappelé qu'une équipe du FBI se trouvait dans chacun de ces pays pour participer aux enquêtes. Aujourd'hui, le nom de l'invisible Al-Qaïda est en tout cas avancé à chaque acte terroriste. Depuis ceux de Casablanca, qui ont surpris le monde entier, des voix américaines s'élèvent d'ailleurs contre «le triomphalisme» de l'administration Bush. «Les commentaires du président et d'autres sur Al-Qaïda qui serait en déroute dépassent vraiment la réalité», estime notamment le sénateur démocrate, John Kerry, assurant qu'«Al-Qaïda n'a jamais fermé boutique».