Les enquêtes actuellement menées sur les attentats sanglants de Bali (Indonésie) et Djerba (Tunisie) ont conduit, mardi et mercredi, à différentes arrestations qui conduisent toutes à Al Qaïda et ses tentacules. Après l'interpellation, mardi, de huit personnes suspectées d'avoir collaboré à l'attentat contre la synagogue de Djerba (au sud de la Tunisie) en avril dernier, les experts français et tunisiens ont pu découvrir plusieurs éléments laissant penser que cet acte terroriste est l'oeuvre d'une des cellules dormantes d'Al Qaïda. Selon eux, l'un des derniers coups de téléphone passé par le chauffeur du camion-citerne qui a explosé près de la synagogue, le Tunisien Nizar Naouar, s'adressait le jour de l'attentat -le 11 avril- à un responsable présumé du réseau d'Oussama Ben Laden, alors basé à Karachi, au Pakistan. Le téléphone cellulaire utilisé par le kamikaze a quant à lui été acheté à Paris par le frère de Naouar, Walid, qui l'a ensuite fait passer en Tunisie. Ce frère, tout comme sept autres personnes, a été interpellé mardi dans la région lyonnaise (sud-est de la France). Des fonctionnaires de la Direction de la surveillance du territoire (DST) ont interpellé les suspects à leurs domiciles de Saint-Priest et de Vénissieux (Rhône) avec des effectifs du Groupement d'intervention de la police nationale de Lyon. Une information judiciaire a été ouverte pour «assassinats et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste» à la suite de la plainte contre X déposée par le fils de Paul Sauvage, l'une des 19 victimes de l'attentat (14 Allemands, deux Français et un Tunisien). Walid Naouar, ses parents et trois proches ont été placés en garde à vue pour une durée de 96 heures. Lors des perquisitions effectuées, des documents paraissant en relation directe avec l'attentat de Djerba ont été saisis, laissant penser que le kamikaze et son entourage faisaient partie d'une cellule organisée d'Al Qaïda, qui avait d'ailleurs revendiqué l'attaque. Toujours à pied d'oeuvre avec l'aide d'experts internationaux, la police indonésienne a quant à elle poursuivi ses arrestations dans le cadre de l'enquête sur le sanglant attentat de Bali (187 morts, essentiellement des touristes) le 12 octobre dernier. Mercredi, Jakarta a affirmé détenir quatre hommes soupçonnés d'être impliqués dans l'attaque, dont le propriétaire de la voiture piégée. Le général major Pastika a déclaré que deux autres hommes avaient été arrêtés à Surabaya, la capitale de la province de l'île de Java. Ces suspects ressembleraient à deux des trois portraits-robots diffusés par les autorités la semaine dernière. Aucune précision supplémentaire n'a cependant été donnée sur toutes les personnes interpellées, notamment sur leur appartenance ou non au groupe incriminé aussitôt après le drame, la Jemaah Islamiyah. Dans le collimateur des autorités indonésiennes sans être inculpés, Abu Bakar Bachir et ses fidèles sont surtout soupçonnés d'êtres liés à Al Qaïda. Mardi, un autre mouvement islamiste de la région, le Front Moro de libération islamique (FMLI), actif dans l'archipel voisin des Philippines, a d'ailleurs accepté de coopérer avec les autorités pour traquer quelques dizaines de fidèles de Ben Laden présents dans la région, tout comme «ses alliés indonésiens de la Jemaah islamiyah». Le FMLI, lui-même auteur de nombreuses attaques contre le régime de Manille, aurait été motivé par la menace de figurer sur la «liste noire» des mouvements terroristes élaborée par les Etats-Unis. Lesquels ont par ailleurs inculpé mercredi trois trafiquants de drogue soupçonnés d'avoir voulu procurer des missiles anti-aériens Stinger au réseau de Ben Laden en Afghanistan. Ces trois hommes, deux Pakistanais et un citoyen américain d'origine indienne, sont actuellement détenus à Hong Kong, depuis leur arrestation le 20 septembre sur indication du FBI, mais Washington devrait obtenir leur extradition.