Signé Al-Qaïda selon plusieurs responsables, dont le président américain, l'attentat de Bali a ravivé les craintes du monde entier, appelé par l'ONU à multiplier ses efforts contre le terrorisme. L'Europe pense être la prochaine cible. «Cela ressemble à un (même) schéma d'attaques», a déclaré lundi le président américain, interrogé sur l'origine des trois derniers attentats survenus au Yémen, au Koweit et en Indonésie. «Clairement, avec cette attaque à Bali, je pense qu'on peut présumer qu'il s'agit d'Al-Qaïda», a renchéri George W. Bush, relayant ainsi les différents propos tenus par les responsables indonésiens et australiens suite à l'attaque meurtrière qui a fait 183 victimes – la plupart des touristes – et 300 blessés samedi soir sur l'île de Bali. La première des trois attaques – celle de mardi dernier – contre des soldats américains stationnés au Koweït avait déjà été attribuée à un groupe lié au réseau d'Oussama Ben Laden. L'explosion du pétrolier français Limburg, au large des côtes sud du Yémen, deux jours plus tôt, est elle aussi aujourd'hui de plus en plus pressentie comme l'œuvre d'Al-Qaïda, bien qu'il n'y ait pas encore de rapport d'enquêtes officiel. Si ces trois attentats s'avéraient être effectivement le fait de la nébuleuse terroriste, cela voudrait dire que le réseau a reconstruit - ou préservé - son caractère international relayé par le soutien d'autres groupes qui auraient prêté allégeance au milliardaire saoudien. Comme souligné par le premier ministre australien mardi, on n'en est cependant encore qu'aux «forts soupçons». Une ombre aussi insaisissable que menaçante qui a poussé les Etats à renforcer encore un peu plus leurs systèmes sécuritaires, à commencer par ceux d'Asie du Sud-est et l'Indonésie montrée du doigt à plusieurs reprises pour son manque d'efforts en la matière. Cette menace a aussi relancé les craintes de l'Europe qui redoute aujourd'hui d'être la prochaine cible. Les différentes arrestations, opérées notamment en Allemagne et dans les pays scandinaves depuis le 11 septembre 2001, ont montré que le vieux continent était loin d'être épargné par ces fameuses « cellules dormantes » d'Al-Qaïda. Lundi, le département antiterroriste d'Europol a même déclaré, dans les colonnes du journal français Le Monde, redouter un «gros coup» qui pourrait viser la France, l'Allemagne ou la Belgique. Selon un responsable de l'Office de police criminelle européen, les attentats de Karachi (Pakistan) et Djerba (Tunisie), puis l'action contre le Limburg et l'explosion de Bali «font partie d'une même chaîne». En juin dernier, le directeur d'Europol, Jürgen Storbeck, avait même déclaré que la question n'était pas de savoir s'il y aurait un attentat mais «à quelle date». «Nous ne sommes pas la nation la plus exposée mais nous sommes parmi les nations exposées. Donc la plus grande vigilance est nécessaire» a pour sa part affirmé lundi le premier ministre français Jean-Pierre Raffarin. Cette «vigilance» a aussi été le mot d'ordre du Conseil de sécurité de l'ONU qui a appelé lundi dans une nouvelle résolution «tous les Etats, en accord avec leurs obligations inscrites dans la résolution 1373 (2001), à travailler ensemble de manière urgente et à coopérer et à apporter leur soutien et assistance appropriés, aux autorités indonésiennes » qui ont interrogé deux de leurs ressortissants suspects. Quelque 50 experts australiens, des agents du FBI américain et de la DST française, étaient aussi sur place pour tenter de définir si l'attentat a bien été perpétré par la Jamaah Iislamiyah d'Abou Bakar Bachir, liée à Al-Qaïda. A des milliers de kilomètres de là, la France connaissait sa première frayeur avec une alerte à la bombe à l'ambassade américaine de Paris…