Les partis allemands ont entamé mercredi les négociations en vue de former un nouveau gouvernement. L'hypothèse d'une "grande coalition" sans Gerhard Schröder ni Angela Merkel se renforce. C'est hier que les partis allemands ont donné le coup d'envoi des négociations en vue de trouver une solution à la profonde crise issue des législatives de dimanche. Parmi les divers scénarios avancés par les observateurs, l'hypothèse d'une "grande coalition" entre conservateurs et sociaux-démocrates sans Gerhard Schröder ni Angela Merkel se renforce au détriment des autres possibilités. En dépit de la contre-performance de son parti aux législatives, la dirigeante du camp conservateur, qui souhaite devenir la première femme chancelier de l'Allemagne, a reçu un net soutien de la part de son groupe parlementaire. Elle a été reconduite mardi à une écrasante majorité (98,6%) à la tête du groupe parlementaire des Unions chrétiennes (CDU/CSU). L'envoyé spécial du journal français «Libération» trouve qu'à moins de vouloir gâcher définitivement leurs chances de diriger le prochain gouvernement en étalant leurs divisions au grand jour, les conservateurs n'ont pas, à court terme, d'autre choix que de soutenir Angela Merkel. Pour sa part, le chancelier Schröder a souhaité engager des négociations avec les différents partis sans "conditions préalables" sur la composition de son gouvernement. Le Parti social-démocrate allemand (SPD) a commencé mercredi à Berlin les consultations exploratoires entre les différents partis, en rencontrant les Verts. Au cours de leur réunion, le SPD et les Verts devaient évoquer l'hypothèse d'une alliance avec les libéraux, une coalition qui leur permettrait de rester aux affaires après sept années de pouvoir. Plusieurs éditorialistes ont estimé que la décision du chef charismatique des Verts et ministre des Affaires étrangères, Joschka Fischer, de redevenir simple député tout en restant disponible pour un "improbable" portefeuille gouvernemental affaiblit M.Schröder. "Fischer laisse tomber Schröder", titre le grand quotidien populaire “Bild”. Le vice-chancelier "accepte la fin de la coalition" SPD/Verts et "appelle cela une césure", renchérit “Die Welt”. Le journal conservateur observe que le "contraste avec Schröder", qui veut rester chancelier, ne pouvait être plus grand. En interne, les Verts se préparent à retourner dans l'opposition. La CDU/CSU et les libéraux du FDP devancent le tandem SPD/Verts en nombre de sièges dans la nouvelle assemblée (286 députés contre 273), mais aucun des deux camps n'a de majorité suffisante pour former un gouvernement stable. Auparavant, la coalition entre SPD et Verts disposait de la majorité absolue. Face à cette situation, l'hypothèse d'une "grande coalition" entre le SPD de M.Schröder et les Unions chrétiennes CDU/CSU de Mme Merkel reste la plus privilégiée par les Allemands, selon un sondage publié mardi. À en croire le quotidien “Bild”, Gerhard Schröder serait prêt à céder sa place à un dirigeant conservateur, à condition qu'Angela Merkel en faisait d'abord de même. Une "grande coalition" serait possible seulement si le SPD renonçait à présenter à nouveau M.Schröder comme chancelier, selon le quotidien “Der Tagesspiegel”. Une solution envisageable, peut-être avec l'accord de M.Schröder, si un gouvernement dirigé par une autre personnalité du camp conservateur que Mme Merkel donnait des garanties qu'elle renoncerait au "démantèlement social" redouté par le SPD.