Samira, une jeune femme de trente-six ans, célibataire, qui a déjà purgé une peine d'emprisonnement d'un an de prison ferme pour escroquerie, semble n'avoir pas l'intention de renoncer à ses comportements criminels qui ciblent les jeunes rêvant d'avoir un emploi leur permettant de gagner dignement leur vie. Nous sommes à la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Samira se tenait dans le box des accusés. Ses victimes, au nombre de onze, sans compter celles qui n'ont pas répondu à la convocation de tribunal et celles qui n'ont pas porté plainte, la pointaient du doigt, l'accusant de les avoir trompées en leur promettant un emploi contre des sommes d'argent. Des accusations que Samira rejetait en bloc. «Je ne les ai jamais vues, M. le juge», a répondu Samira au juge qui lui a demandé si elle les avait déjà rencontrées. En rétorquant, l'une des victimes, une jeune diplômée chômeuse, a affirmé au tribunal qu'elle avait remis à Samira une somme de trente mille dirhams pour l'embaucher dans les rangs de la police. Cette victime de vingt-huit ans a ajouté à la Cour qu'elle lui avait demandé, au départ, une somme de cinquante mille dirhams. Une autre victime a précisé au magistrat que la mise en cause lui a demandé une somme de trente mille dirhams pour lui préparer un visa de voyage vers la France. Après marchandage, elle lui a versé une somme de vingt mille dirhams. « Non, je ne la connais pas», répondait Samira à chaque fois que le juge l'interrogeait sur l'une des victimes. Mais, toutes les victimes, elles, la connaissaient et lui ont remis à titre personnel l'argent. «Peut-être qu'elles sont engagées par des ennemis pour m'accuser et me jeter en prison», s'est défendue Samira quand le magistrat lui a demandé des explications sur le fait que les plaignantes l'accusent elle et personne d'autre. Qui sont-ils, ces ennemis ? Samira n'avait pas de réponse. Elle se contentait de délirer au point que le président du tribunal l'a sollicitée de répondre clairement ou se taire. Le substitut du procureur du Roi qui a pris la parole a requis une lourde peine contre elle en prenant en considération l'état de récidive. Quant à son avocat, il a affirmé dans sa plaidoirie qu'elle a cessé d'arnaquer dès qu'elle a quitté, la dernière fois, la prison. Mais, le tribunal l'a jugée coupable avec récidive et l'a condamnée à trois ans de prison ferme.