Licencié, un quadragénaire s'est lancé à la recherche d'un emploi. Lorsqu'il n'a pas été recruté, il a eu recours à l'escroquerie. Un vice qui lui a coûté deux ans de prison ferme. Nous sommes à Casablanca. La salle d'audience à la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance était, ce jour de décembre, archicomble. Ce jour du mois de décembre, Abdellah se tenait au box des accusés. La quarantaine sonnante, il est père de deux enfants. L'aîné est à son dixième printemps et le benjamin est à son sixième. Seulement, il ne les voit plus depuis plus d'une année. Car, depuis qu'il a divorcé avec sa femme, celle-ci lui a interdit de leur rendre visite. Pourquoi ? Une sorte de vengeance. Ni plus ni moins. Il a eu recours à la justice pour avoir le droit de visite. Mais, il attend toujours le jugement. Mais, pourquoi ont-ils divorcé? Abdellah, qui était un employé d'une société ayant fait faillite, est tombé dans le gouffre du chômage. À son âge, personne ne voulait le recruter. En outre, il ne dispose ni de diplôme ni d'une formation professionnelle. Solitaire, il a loué une chambre à l'ancienne médina. Au fil des mois, il a gaspillé tout l'argent qu' il avait épargné. Qui va l'aider, le soutenir ? Personne. Que devait-il faire pour avoir de l'argent ? Une idée satanique lui est passée par la tête et il a décidé de la réaliser. Comment? Il a sympathisé avec l'une de ses voisines encore célibataire, Samira. Il lui a confié qu'il pouvait aider des individus rêvant d'aller à l'Eldorado. Sa voisine l'a cru. En conséquence, elle n'a pas tenu sa langue. Elle a confié le secret à d'autres voisines. Et comme une traînée de poudre, l'information s'est répandue au quartier. Tout le monde sait qu'il peut aider les gens à partir au-delà de la Méditerranée puisqu'il possédait, comme il leur a prétendu, des contrats de travail en Europe et même aux pays du Golfe. «Ses clients» ont commencé à défiler chez lui. Ils sont prêts à verser n'importe quelle somme contre un travail. D'abord, il a fixé le prix : trente mille dirhams. Halima qui a rêvé que son fils, Abdelhadi, serait le plus tôt possible en Espagne ou en France, lui avait remis vingt mille dirhams. D'autres lui ont versé dix mille dirhams. Il les a empochés tout en promettant à ses clients de recevoir prochainement les contrats de travail. Seulement, ce délai s'est allongé à trois mois sans que personne ne reçoive rien en contrepartie des centaines de dirhams qu'ils ont remis à Abdellah. Quand un rêveur de l'Eldorado qui a versé la somme d'argent le contactait pour lui demander des explications, il se contentait de lui expliquer que la personne qui devait lui envoyer les contrats de travail est en mission. Où ? Il ne leur donnait pas d'autres explications. Pour finir son histoire avec ce quartier, il a déménagé vers un autre. En effet, il a commencé à y dénicher d'autres victimes. Seulement l'une d'elles n'a pas pu avaler l'appât. Elle a eu recours à la police pour déposer plainte contre Abdellah qui lui avait soutiré une somme de vingt mille dirhams. Arrêté, il a été poursuivi pour escroquerie. Certes, il a tenté de se disculper. Mais ses victimes, qui sont au nombre de onze, ont prouvé qu'il les a filoutées. Convaincu, le tribunal l'a jugé coupable et l'a condamné à deux ans de prison ferme.