La mort de Hicham Mandari, retrouvé tué d'une balle dans la tête près de Malaga (sud de l'Espagne), marque la fin prévisible d'un homme aussi encombrant mort que vivant, estime la presse internationale. Hicham Mandari, dont le corps a été découvert dans la nuit du 3 au 4 août à Fuengirola, " serait-il donc aussi encombrant mort que vivant ? Ce n'est que neuf jours après la découverte, par la police espagnole, du cadavre du Marocain sur le parking d'un supermarché près de Marbella, sur la Costa del Sol, que le ministère de l'intérieur à Madrid a officialisé, vendredi 13 août, la fin violente d'un homme qui s'était engagé, depuis cinq ans, dans une folle martingale de chantages-révélations avec le pouvoir royal au Maroc», écrit le Monde dans son édition du 14 août, estimant " de toute évidence, sur la voie dangereuse qu'il avait choisie, Hicham Mandari était arrivé au bout". «Un vrai casse-tête», juge le journal libération du 23 août qui titre " Exécution trouble sur la Costa del Sol ". Deux semaines après l'assassinat en Andalousie de Hicham Mandari, à la fois escroc de haut vol, affabulateur et bête noire du Palais royal marocain, précise Libération, les enquêteurs espagnols se refusent à privilégier une piste en particulier. A leurs yeux, cet homme d'affaires qui a trempé dans les négoces les moins recommandables a pu être aussi victime d'un crime politique que d'un règlement de comptes de type mafieux. Selon El País , les services secrets de quatre pays étaient derrière lui (France _ qui, selon son avocat William Bourdon, lui avait refusé en 2002 une protection policière _, Maroc, Bahreïn et Emirats arabes unis). Sans parler de groupes mafieux avec lesquels il était en contact. En charge de l'affaire, la garde civile espagnole maintient pour sa part une opacité absolue sur le meurtre de cet homme de 33 ans, abattu d'un coup de feu dans la nuit du 3 au 4 août dans un parking de Mijas, une bourgade de la Costa del Sol, située à mi-chemin entre Malaga et Marbella. Les informations qui ont filtré dans la presse espagnole laissent, quant à elles, le champ des hypothèses très ouvert. Même si, pour El País , citant une source policière, «il est logique de penser en priorité à une vengeance d'origine marocaine, tant Mandari multipliait les menaces contre Rabat». Un membre du service des renseignements français se montre plus nuancé : «S'agissant d'un individu qui a touché à tant d'activités crapuleuses et qui avait tant d'ennemis, il faut regarder dans toutes les directions possibles.» D'autant que «la Costa del Sol est un paradis pour les groupes mafieux», commente un expert espagnol. Mandari entretient, selon le Canard enchaîné , des «liens avérés avec les services secrets algériens, espagnols et le front polisario» qui dispute le Sahara au Maroc depuis des lustres. En France, Mandari est inculpé dans une affaire de faux dinars de Bahreïn portant sur environ 350 millions d'euros, avant de défrayer l'an dernier la chronique dans une sombre affaire impliquant le milliardaire Othman Benjelloun, président de la Banque marocaine du commerce extérieur. Chantage financier, comme l'affirme ce dernier, qui reconnaît avoir accepté de lui remettre 5 millions d'euros pour «éviter une campagne de diffamation» ! Selon le quotidien espagnol La Razón, il devait même tenir une conférence de presse révélant «les pages les plus noires de la corruption du royaume» et «appelant les forces démocratiques à lutter pour un Etat de droit» . La mort l'en aurait empêché en frappant la veille même de cette conférence. De là à croire que Mandari était un opposant politique, il y a pourtant un pas qu'aucun connaisseur du dossier ne franchit. Selon la chaîne qatarie Al-Jezeera , Mandari avait l'intention, en débarquant sur la côte andalouse, de faire main basse sur une radio ou une télévision locale afin de pouvoir diffuser dans le nord du Maroc... De son côté, la presse algérienne, dans sa livraison du lundi 16 août, a réservé un traitement spécifique à l'affaire. Ainsi, l'Expression titre sur «Du travail de pro!». Le journal estime que «la presse mondiale, après quelques jours de supputations, en est arrivée à la conclusion que l'assassinat de Hicham Mandari en Espagne, ne pouvait être que du travail de pro. Cet ancien proche du Makhzen, donné pour être le fils naturel de Hassan II, avait fait plusieurs révélations sur les activités délictueuses de Rabat. Il s'apprêtait à monter une opposition féroce contre Mohammed VI. Encore un crime qui restera impuni et non élucidé pendant au moins une dizaine d'années, le temps que joue la prescription». De son côté, Le Jeune Indépendant s'en tient à la neutralité d'usage. Le journal parle du «Marocain Hicham Mandari exécuté en Espagne», tout en relatant les faits, rien que les faits.