Le quotidien espagnol El Mundo a adopté, au lendemain des élections législatives du 14 mars dernier, une nouvelle stratégie rédactionnelle visant à s'adapter à la nouvelle situation politique marquée par la victoire des socialistes. Le premier semestre 2004 a été marqué par des résultats positifs pour l'entreprise d'édition du journal El Mundo dirigé par Pedro J. Ramirez. Ce qui lui a permis de conclure officiellement devant ses collaborateurs : "Nous sommes à nouveau une référence informative". Ainsi, Ramirez affiche en public, ces derniers temps, sa satisfaction pour les résultats économiques obtenus dans le premier trimestre de l'année en cours. Les six premiers mois de l'année ont été très bons et le bilan affirme un résultat prometteur. Selon le directeur du deuxième quotidien national en Espagne, le journal qu'il dirige serait en train de vivre une nouvelle renaissance qui ressemble à celle enregistrée en 1995 avec la fin de l'étape gouvernementale socialiste ou ce que l'on appelle la fin du "Felipisme". Par ailleurs, la nouvelle stratégie adoptée par Pedro J. Ramirez s'est axée sur une soi-disant concentration des efforts de la rédaction sur le journalisme d'investigation. Ce qui permettra de générer des exclusivités ayant un grand impact sur le lectorat et susciter l'intérêt des lecteurs des autres publications. Cette nouvelle stratégie a permis au journal de Pedro J. d'atteindre un lectorat de plus de 1.306.000 lecteurs. Un record jamais dépassé par le quotidien. "Tout va très bien en ce qui concerne la diffusion, la publicité et les ventes du produit", affirme le directeur d'El Mundo avant d'ajouter que "le véritable moteur de cette réussite est le contenu". "Nous sommes redevenus une référence en information", a-t-il annoncé fièrement, il y a quelques semaines. Pourtant, la "nouvelle stratégie" que le patron d'El Mundo affirme être la clé de ce retour au premier plan des médias espagnols est due en fait à une série d'articles publiés par le quotidien sans une véritable vérification de la véracité de l'information notamment sur les investigations liées aux attentats terroristes du 11 mars à Madrid. Le changement politique a aussi participé à la création d'un climat favorable au retour en force d'El Mundo. Sachant que ce journal a toujours été un fervent défenseur du Parti Populaire lorsque José Maria Aznar était au pouvoir, il a vite fait de changer totalement de position en se positionnant en première ligne d'attaque contre le parti d'Aznar au lendemain des élections du 14 mars qui avaient donné la victoire aux socialistes. Pour les observateurs, ce changement de position n'est qu'apparent et sera très court dans le temps. Un changement tactique qui permet au quotidien de suivre l'élan de sympathie que de la majorité des Espagnols a pour le nouveau président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et de gagner un lectorat avide de changement. Mais les observateurs de la vie médiatique espagnole estiment que, peu à peu, El Mundo reprendra sa politique de soutien à l'aile radicale du Parti Populaire. D'ailleurs, la publication par le quotidien d'un entretien présumé avec le marocain assassiné à Mijas, Hicham Mandari, dénote une volonté à envenimer le climat d'entente existant entre le Maroc et l'Espagne depuis l'arrivée de Zapatero au pouvoir. Une manière de saboter la politique étrangère du nouveau gouvernement espagnol.