Il est incontestable que les pouvoirs publics se soucient depuis quelques années de l'amélioration de la situation carcérale au Maroc. Les statistiques fournies par l'administration pénitentiaire et de la réinsertion au titre de l'année 2003 détaillent avec des chiffres exhaustifs à la clé les différents aspects de cet univers qui au-delà de tout a besoin d'être un peu plus humanisé. Il est incontestable que les pouvoirs publics se soucient depuis quelques années de l'amélioration de la situation carcérale au Maroc. Les statistiques fournies par l'administration pénitentiaire et de la réinsertion au titre de l'année 2003 détaillent avec des chiffres exhaustifs à la clé les différents aspects de cet univers qui au-delà de tout a besoin d'être un peu plus humanisé. C'est l'enjeu essentiel de toute réforme, en ce sens où le détenu, censé payer sa dette envers la société en purgeant sa peine, est en droit en retour d'être bien traité. Or, ce n'est pas toujours le cas. Les détenus rencontrent la plupart du temps dans leur nouvel espace les travers que la justice s'emploie à sanctionner tous les jours dans le monde des hommes libres : corruption, brimades et agressions diverses. Humaniser, certes, mais aussi réinsérer. Pour un jeune détenu sans aucune formation et condamné à une lourde sentence de plusieurs années, le plus important est de sortir de prison avec la garantie de réussir sa réintégration sociale, seul antidote de toutes les formes de délinquance. Autrement, il risque de rechuter et de retourner de nouveau en prison. Le cercle vicieux. Les chiffres de la réalité carcérale nationale sont effarants : 82.537, c'est le nombre des détenus entrants en 2003 dans les 53 prisons du pays. C'est beaucoup. Les établissements pénitentiaires marocains sont peuplés surtout du tout-venant judiciaire, ces délinquants sans instruction, issus des milieux défavorisés, condamnés dans des affaires liés au vol, viol, coups et blessures ou crimes de sang. Il n'y a qu'à assister aux audiences des tribunaux pour prendre la véritable mesure du phénomène. Une cohorte infinie d'anonymes au profil identique, regard égaré et mine ravagé, défile chaque jour que Dieu fait à la que leu leu devant les juges. Ce sont ces jeunes paumés, souvent victimes de dislocation familiale sur fond de misère noire, sans repères dans une société impitoyable, qui contribuent grandement à la surcharge carcérale en basculant dans la délinquance et la violence. Nombre de ces prisonniers en arrivent à préférer l'existence carcérale où ils sont au moins assurés d'être nourris et blanchis à l'aventure périlleuse d'une vie dehors qui n'en est pas une. En vérité, le problème de la saturation des prisons doit se régler en amont. Car l'objectif pour tout pays n'est pas d'augmenter le nombre des geôles mais bien de le réduire. Pour cela, un seul moyen : le renforcement des filets sociaux de telle sorte de prévenir surtout les délits en relation avec le mal-être et l'exclusion des citoyens. Il appartient au gouvernement d'œuvrer dans ce sens par une politique volontariste axée sur une répartition juste des richesses, une réduction importante des inégalités sociales et un effort conséquent en matière d'éducation. Vue sous cet angle, la situation carcérale au Maroc, telle qu'elle existe actuellement, n'est que le miroir fidèle du dénuement matériel et moral qui frappe une bonne frange de la population.