Les journalistes français comme leurs voisins européens ont commenté avec inquiétude la victoire absolue de la droite et spéculé sur la nouvelle politique chiraquienne. «Chambre forte» pour Chirac, est le titre de La voix du Nord, «La droite et l'abstention en force», celui de l'Humanité. «Trop ?» s'interroge pour sa part Le Parisien. «Majorité massive pour le président», ajoute Ouest-France, «Chirac a toutes les cartes en main» selon La Provence. «Chirac obtient tous les pouvoirs», souligne Le Monde. Titres régionaux comme nationaux reviennent logiquement ce lundi sur la victoire de la droite française aux élections législatives. Pour une bonne partie des commentateurs, cette «marée bleue» s'avère d'ailleurs négative. La presse souligne la chute des têtes de la gauche. «Aubry, Chevènement, Hue... battus», titre Le Figaro tandis que Libération titre «Après la gauche plurielle, la gauche plus rien». Le niveau d'abstention historique préoccupe aussi les journaux. Jean-Marie Colombani, dans son éditorial «Le Doute» (Le Monde) explique ainsi que «c'est une abstention délibérée, politique, qu'il faut mettre en relation avec le nombre de ceux qui se sont reconnus dans les partis extrêmes et les petits partis». Dans le reste de l'Europe, les regards sur cette victoire se montrent tout aussi dubitatifs. Le Soir de Belgique estime que «l'Hexagone sort d'un long tunnel», mais que « personne ne peut encore dire ce qu'il va trouver à la sortie ». En Allemagne, Spiegel retient surtout que ces élections marquent «la fin de la cohabitation» et un niveau d'abstention historiquement bas. «Jacques Chirac a eu la satisfaction d'assister à la défaite totale des candidats du Front national, dont le leader Jean-Marie Le Pen avait choqué l'Europe entière (…)», souligne pour sa part l'International Herald Tribune. «Fin de l'alchimie : un homme est seul aux commandes», insiste le quotidien italien Corriere della Sera, pour qui la France a restauré «le bonapartisme, en concentrant tous les pouvoirs entre les mains d'un seul homme, Jacques Chirac». En Espagne enfin, El Païs estime que «le danger, aujourd'hui, est que Chirac, ainsi que d'autres en Europe, comme Blair et Aznar, s'abrite derrière la nécessité de freiner l'extrême droite pour mener une politique de méfiance face aux immigrés».