Entretien. Arrivé en 1992 à la tête de la plus haute instance internationale d'escrime, à savoir, la Fédération internationale d'escrime, René Roche est en passe de donner à ce sport sa véritable ampleur. ALM : Quel bilan faites-vous de votre expérience en tant que président de la F.I.E ? René Roche : Je dois tout d'abord préciser qu'avant de devenir un responsable de l'escrime mondial, j'ai déjà pratiqué ce sport où j'ai été escrimeur sabreur. Je suis président de la F.I.E depuis dix ans. Quand j'ai occupé pour la première fois ce poste, la fédération ne comptait que 76 pays membres. Actuellement, nous comptons plus de 112 pays. L'autre enjeu a été de maintenir notre sport dans les Jeux Olympiques. En 1992, il était question de supprimer ce sport. J'ai donc travaillé l'ancien président du CIO, Juan Antonio Samaranch, afin de remporter ce pari. En 1993, on a eu gain de cause et l'épée féminine a fait son entrée. Cette discipline connaît une popularité croissante. Mais son implantation semble se faire de manière inégale. Qu'en est-il réellement ? Non. L'escrime s'implante partout dans le monde, en Afrique particulièrement. Nous avons une école de maîtres d'armes à Dakar et nous avons développé considérablement la pratique de ce sport dans les autres continents. Comme vous pouvez le constater dans le championnat du monde comme aux Jeux Olympiques, de nouveaux pays obtiennent des récompenses suprêmes, comme la Chine qui devient un pays très fort, bien évidemment Cuba, le Venezuela et la Corée du Sud qui sont tous d'un très haut niveau. Nous organisons les championnats du monde tous les ans. Cette année, ils auront lieu à Lisbonne en août prochain. Nous allons modifier les Grands Prix pour attirer plus de pratiquants. Ainsi, nous en aurons cinq, deux en Europe et trois dans autres continents. Un système de rotation va permettre le développement de notre sport. Nous sommes également en voie de conclure un accord qui va s'occuper de fournir des équipements à des prix relativement moins chers. Comment jugez-vous la troisième édition de la Coupe Mohammed VI ? C'est une excellente compétition. Des progrès énormes ont été enregistrés. Dès mon retour, je proposerai au comité exécutif de la Fédération internationale d'inclure cette compétition parmi ses Grand Prix. Cela permettra d'avoir beaucoup plus de tireurs, puisque nous doublons à ce moment-là les points qu'ils obtiennent pour la Coupe du monde. Un dernier mot sur l'escrime ? L'escrime est un sport qui n'a pas toujours été compris. Un peu compliqué, il reste incompréhensible pour le commun des mortels. I faut simplifier son règlement, réduire l'activité des arbitres comme dans les autres disciplines, il faut constater et ne pas interpréter donc, supprimer les décisions subjectives. L'escrime n'en sortira que gagnant.