S'il y a un nouveau métier qui attire de plus en plus d'ex-joueurs et entraîneurs de football, c'est bel et bien celui de consultant. En l'absence de règles qui régissent la profession, le choix se fait souvent sur la base de critères souvent subjectifs. Abdellah Blinda, ex-entraîneur de l'équipe nationale durant la coupe du monde aux Etats-Unis 94, vit encore dans la nostalgie. Pour lui, les Tchèques et les Slovaques sont toujours d'un même pays. Depuis le début de l'Euro 2004, Blinda, consultant auprès de la première chaîne TVM, aux côtés de Mustapha El Haddaoui et Rachid Taoussi, n'a cessé d'appeler les coéquipiers de Nedved de «Tchécoslovaquie». On se demande comment se fait-il qu'un ex-entraîneur de l'équipe nationale, invité par des journalistes sportifs et sur les plateaux d'une chaîne qui se veut sportive, commette une telle bavure sans que l'on rectifie le tir ? Des bourdes, comme celle-là, Blinda en a commis plusieurs. Dans les cafés et entre amis, Blinda fait l'actualité avec ses gaffes. «Souvent les consultants oublient que le public marocain est connaisseur. Mais, en même temps méprisant, genre comment se fait-il que tel ou tel entraîneur analyse un match alors que c'est lui qui est à l'origine de la descente aux enfers d'un tel ou tel club», a fait remarquer un ex-joueur. Consultant sportif auprès d'une chaîne, cela n'existait pas auparavant. Phénomène devenu à la mode avec la mondialisation du football, le métier de consultant est de plus en plus prisé, notamment par certains ex-joueurs qui, après avoir raccroché les crampons, se reconvertissent en consultants. Au Maroc, ils sont de plus en plus nombreux à être invités sur les plateaux d'une chaîne. Mustapha El Haddaoui en est un. L'ex-international marocain a fait ses débuts avec le groupe français Canal +, mais aussi avec Canal Horizon, lors de la Coupe du monde de 1998, avant d'entamer une nouvelle expérience avec les deux chaînes nationales : TVM et 2M. «Le travail d'un consultant consiste à traiter les aspects techniques de la rencontre, comme faire parler les chiffres, analyser le schéma tactique. précise s'il s'agit d'une équipe qui joue l'attaque placée ou rapide... Quand j'analyse un match, c'est comme si j'étais dedans. En fait, être consultant ça complète le travail effectué par le journaliste. Chacun a sa propre vision du match», a expliqué El Haddaoui. Pour Mohamed Souhail, ex-international marocain, sollicité à plusieurs reprises par nos deux chaînes, c'est un métier nouveau qui n'obéit pas à des règles bien précises. « On n'a pas encore ces consultants permanents tenus par des contrats. C'est juste du bricolage. Il s'agit soit d'ancien-joueurs qui ont mis un terme à leur carrière, soit des entraîneurs qui ont raté leur vocation», a tenu à préciser ce dernier. Devant l'absence d'un institut spécialisé en la matière, le métier de consultant reste le terrain de prédilection des ex-footballeurs. Les deux chaînes font appel aux services de ces consultants en fonction de l'actualité footballistique. «Ça peut être un match de championnat national, comme ça peut être la Liga ou le championnat de France. Et là où l'on est sollicité le plus, c'est à l'occasion des grands événements, comme la Coupe d'Afrique ou encore la coupe du monde», a tenu à souligner Souhail. Pour chaque prestation, un consultant touche un forfait. Ce dernier se fait en fonction du taux d'audience. «C'est peu comme une rémunération. Quand je fais le calcul entre les frais de déplacement et d'autres charges, je me rends compte que j'étais perdant. La seule chose que je gagne, c'est la sympathie des gens», a fait savoir un ex-joueur. Pourtant, la guerre entre consultants bat son plein. Souvent sollicité par le services sports de la première chaîne pour faire le commentaire et l'analyse des matchs, comme lors de la dernière CAN 2004, la présence de Hammadi Hamiddouch sur les plateaux de la chaîne de rue El Brihi dérange et fait des jaloux. Selon une source proche des consultants de la TVM, on reproche à Hamiddouch d'être tout le temps invité par la première chaîne. La même source a fait savoir aussi que le service sports de la première chaîne est bombardé ces derniers jours par des communiqués qui demandent à ce qu'on élargisse le cercle des consultants à d'autres figures du football national. Et il n'y a pas que les anciens footballeurs qui se sont reconvertis en consultants. Les tennismen aussi. Outre Khalid Outaleb, ex-consultant auprès de 2M, avant qu'il ne soit remplacé par l'ex-capitaine de l'équipe nationale Moundir, notre champion Karim Alami et le directeur technique national, Amine Ghissassi, ont emboîté le pas aux autres, mais pour le compte de la célèbre chaîne arabe, Al Jazira. C'était lors des internationaux de France de Roland Garros.