Interview. Le président de l'Union Nationale des Entraîneurs de football, Hammadi Hamidouche, nous dresse un check-up de la profession. Au menu : Pluralité, avantages, maux et espoirs d'une corporation en mal d'être. ALM : La création de l'union nationale des entraîneurs de football dont vous êtes le président a suscité beaucoup de remous au sein de votre corporation. Pourquoi n'a-t-on pas accepté ce nouveau né ? Hammadi Hamidouche : La création de l'UNEF n'a dérangé que ceux qui vivaient dans une forteresse d'idées préconçues, de préjugés et de manque d'ouverture sur un monde en perpétuelle évolution. Aussi je ne vois pas pourquoi une association, comme la nôtre, dont l'objectif est de défendre les intérêts des entraîneurs, soit aussi mal accueillie. D'autant plus que l'Amicale des entraîneurs n'a pas pu, pour diverses raisons, s'acquitter de sa mission. Il est inconcevable, par exemple, que le projet de statut de l'entraîneur qui a été déposé en 1992 n'ait pas eu de suite jusqu'à ce jour. Ceci étant l'amicale a commencé à bouger ces derniers temps, comme quoi la concurrence est aussi bonne dans le football que dans l'économie. Certains estiment que ce remue ménage des entraîneurs a d'autres objectifs que celui de l'union comme la recherche des postes dans la direction technique nationale ou autres ? Je vous l'accorde puisque malheureusement certains entraîneurs ne pensent qu'à leur intérêt personnel. Ceci étant l'UNEF dont je suis le président à d'autres visées plus collectives qui servent la corporation et non un individu. Notre seul objectif étant la réglementation de notre métier, la formation des cadres techniques et la contribution à la restructuration de notre football. Ceci notre association défendrait tout technicien marocain qui sera chargé d'une fonction à la fédération à condition qu'il soit compétent et expérimenté. Ne croyez-vous pas que votre association va accentuer davantage les clivages existants entre les entraîneurs ? Il faut qu'on se déleste une fois pour toute de cette idée ancrée qui fait que chaque nouvelle entité est considérée comme une scission. C'est à croire qu'on n'a pas le sens de tout ce qui est complémentaire, nouvelle vision ou nouvelle approche dans notre domaine ou dans un autre. Pourtant l'entraîneur marocain reste chez lui comme quelqu'un qui n'a pas de personnalité ou qui demeure un éternel incompétent ? C'est malheureusement l'idée que font de lui les dirigeants marocains, mais la réalité est tout autre. Comme dans tous les domaines, il existe de bons éléments et d'autres moins bons, mais personne ne peut contester la valeur des entraîneurs de la trempe de Jabrane, Ammari, Blinda et bien d'autres. Le technicien marocain a l'avantage d'avoir appris son métier dans d'écoles réputées en France, en Allemagne... etc. Il a aussi cette longueur d'avance sur l'entraîneur étranger qui ne connaît pas comme lui le football marocain et la mentalité des joueurs nationaux. Il me semble que notre corporation souffre uniquement d'un manque de communication qui l'empêche de faire prévaloir sa vraie valeur. Que faut-il faire pour sortir l'entraîneur marocain et le football en général de cette crise ? Il faut commencer par installer une direction technique nationale forte et procéder à la classification des entraîneurs. Ce faisant les équipes nationales toutes catégories confondues devraient être dirigées par des techniciens attitrés. Un entraîneur expérimenté devrait en premier lieu connaître le football africain car tous les matchs de qualification passent par le continent noir. Et ce n'est pas ce qui manque quand on sait que l'équipe qui mène le championnat est entraînée par Mohamed Fakher. N'oubliez pas non plus que le Raja qui a fait sensation dans la coupe du monde des clubs était menée par Fethi Jamal. C'est dire...