Extension de la couverture sociale, insertion de 500.000 diplômés dans la vie active de 2006 à 2013 ou encore bonnes perspectives pour la conduite du dialogue social, le ministre de l'emploi et des affaires sociales a égrené lundi à Rabat, au cours de sa conférence-bilan d'avant le 1er mai, les succès de la stratégie de son département avec la conviction de l'«indécrottable optimiste» qu'il dit être. En réponse à une question d'ALM, il a, en effet, déclaré que malgré la lettre du patronat sur l'alourdissement des charges que pourrait induire une revalorisation du SMIG, il reste confiant sur l'issue des négociations et que celles-ci «ne portent pas seulement sur ce volet précis, mais sur d'autres questions relatives au cadre général du travail». Ce qui l'a conduit à donner cette précision : «Tout ce qui a été dit jusqu'à aujourd'hui sur cette revalorisation n'est que spéculation. Les négociations ne sont pas closes». Le ministre a été tout aussi catégorique en ce qui concerne le bilan de l'action de son département qui peut valablement se targuer de la création de 114.000 emplois entre 2012 et 2013, de la baisse du chômage qui est passé de 13,4% en 2000 à 9,8% en 2013, de la création de 1.900 établissements nouveaux durant la même période, du recul du nombre des fermetures d'établissements et de la réouverture de 41 unités. Ces trois derniers indicateurs ont permis au ministre de revenir sur «Moukawalati», le très controversé programme d'aide à la création d'entreprises dédié aux jeunes promoteurs. Il a jugé que les succès mitigés enregistrés jusqu'à aujourd'hui tiennent au fait qu'il ne suffit pas d'aider à créer, mais encore qu'il faut assurer le suivi et l'évaluation. Il a annoncé que sur le constat de cette situation, le programme allait être revisité et que de cette réforme il espère une meilleure adéquation des jeunes entreprises à la réalité économique et à son évolution. Les enjeux de cette actualisation sont essentiels, selon le ministre, qui par ailleurs a promis d'ouvrir l'accès de Moukawalati devant les non-diplômés «qui ont de l'expérience, tels que les ouvriers». Ces enjeux, il en a donné un aperçu en déclarant que les 5.084 jeunes entreprises qui ont été créées ont engendré quelque 15.000 postes d'emploi. Dans le même ordre d'idées que cette refonte, Abdesslam Seddiki a annoncé la mise en œuvre prochaine de l'observatoire de l'emploi. «Un instrument d'étude et d'analyse du marché du travail susceptible – notamment- de prévoir les contours de l'évolution de l'offre dans le moyen terme, ce qui améliorera d'autant la prise de décision au sein de l'entreprise». Cette évolution, le ministre l'a clairement liée à la qualité de la formation. Il a ainsi annoncé que pour «donner une dimension structurelle à la lutte contre le chômage par l'amélioration des compétences», 10.000 diplômés seront engagés afin de suivre des cours de formation dans les Ecoles nationales supérieures (ENS). Il a précisé que 3.000 le sont déjà et que ce nouveau programme nécessitera une enveloppe budgétaire de 160 millions de dirhams. Mais la formation ne suffit pas à elle seule à améliorer la situation du marché du travail, a-t-il fait remarquer, «il faut en plus affiner La législation». Code du travail et informel Le ministre a annoncé que le code du travail allait être réexaminé dans le sens d'une plus grande adéquation avec les conventions internationales signées par le Maroc. Mais cependant, Seddiki a répliqué très clairement aux remarques du CNDH concernant le travail des 15-18 ans en déclarant qu'il ne voyait pas très bien l'aire d'adéquation entre l'obligation de scolarité jusqu'à l'âge de 15 ans et l'interdiction de fournir du travail aux moins de 18 ans à laquelle appelle le Conseil. «La déperdition scolaire étant ce qu'elle est actuellement, que vont faire ceux qui ont quitté l'école alors qu'ils ont moins de 18 ans et plus de 15 ans ?», s'est-il interrogé. Le ministre s'est montré tout aussi dubitatif sur la capacité de l'Etat à fondre l'informel dans le secteur structurel. C'est une noble et juste cause, a-t-il laissé entendre avant de s'interroger sur ses chances immédiates de réalisation. Car «l'informel occupe un très large spectre d'activités et représente 30% du PIB, comme il emploie 35% de la main-d'œuvre globale».