En 2011, 81% des chômeurs au Maroc étaient des jeunes. Leur trouver un débouché professionnel est un défi pour maintenir la cohésion sociale et la stabilité politique, résorber la crise de confiance dans le système éducatif... Il n'existe pas de recette miracle à cette problématique, mais des pistes ont été annoncées par le ministre de tutelle. L'objectif du programme gouvernemental est de ramener le taux de chômage à 8% à l'horizon 2016. Le chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane a été fortement critiqué par certaines associations de diplômés chômeurs pour ne pas avoir respecté la promesse faite par son prédécesseur qui, malgré la situation économique délicate du pays, avait promis la création de plus de 4.000 postes d'emploi à la veille des élections législatives. Le malaise consécutif à cette promesse montre que le dossier de l'emploi est l'un des plus brulants qui soit durant le mandat de Benkirane. Ainsi, à l'instar des autres pays du monde, la crise de l'emploi, et plus particulièrement l'emploi des jeunes, constitue un sujet d'une importance capitale et d'une sensibilité politique extrême. Il est vrai que l'annonce récente de la création de 10.000 nouveaux postes budgétaires va diminuer la tension liée à cette problématique, mais il n'en demeure pas moins qu'il s'agit de trouver une politique intégrée d'emplois au Maroc, surtout dans la catégorie des jeunes, les plus touchés. Au Maroc, selon les chiffres du ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle, l'emploi des jeunes se caractérise par un faible taux d'activité qui est de 47,4% et un taux de chômage qui a atteint, en 2011, 17,9% chez les 15-24 ans et 12,9% chez les 25-34 ans, soit 81% des chômeurs au Maroc sont des jeunes. Il se distingue aussi par un chômage de longue durée, puisque 65,8% des jeunes chômeurs le sont depuis plus d'une année et reste précaire car les emplois occupés sont souvent sous-rémunérés, rarement contractualisés et très peu couverts par un régime de protection sociale. Ces éléments poussent les jeunes Marocains à privilégier le travail dans la fonction publique qui garantit plus de stabilité et une meilleure protection sociale. Par ailleurs, il a été constaté aussi que le taux de chômage augmente avec le niveau d'éducation, ce qui confirme l'inadéquation des formations avec les besoins du monde du travail et la permanence d'une croissance peu génératrice d'emplois qualifiés. L'ensemble de ces indicateurs démontre que l'emploi des jeunes et leur intégration dans le système productif constituent des défis majeurs à la société marocaine. Pas de recette miracle mais une feuille de route établie Intervenant aux Conseil Economique et Social des Nations unies (ECOSOC), qui s'est tenu à New York du 2 au 9 juillet, Abdelouahed Souhail, ministre de l'emploi et de la Formation professionnelle, a soutenu l'idée selon laquelle il est impératif de relever le défi de l'emploi des jeunes pour maintenir la cohésion sociale et la stabilité politique, résorber la crise de confiance dans le système éducatif et éviter que la fonction publique ne soit considérée comme le recours exclusif. «Le Maroc est appelé également à construire un modèle de croissance fort et équilibré, capable de générer de l'emploi, en quantité et en qualité, permettant une meilleure répartition de la richesse produite. Le programme gouvernemental prévoit de ramener le taux de chômage à 8% à l'horizon 2016. Pour ce faire, le gouvernement mettra en œuvre les mesures nécessaires afin de renforcer le cadre institutionnel de la politique de l'emploi à travers, notamment, la consolidation et l'amélioration des dispositifs de promotion en cours et la mise en place de nouvelles mesures. Il faut rappeler que depuis 2006, trois programmes majeurs destinés à promouvoir l'insertion des jeunes dans la vie active ont été mis en œuvre par les pouvoirs publics : l'appui à l'emploi salarié (Idmaj), qui permet aux jeunes diplômés en quête d'embauche d'acquérir une première expérience en apportant aux entreprises un dispositif comportant des exonérations d'impôts, de taxes et de charges sociales. L'adéquation emploi-formation (Taehil) qui améliore l'employabilité des diplômés chercheurs d'emploi pour des postes identifiés ou potentiels ; un dispositif d'appui à la création des petites entreprises (Moukawalati). Et en 2012, il est prévu de lancer trois nouveaux programmes de soutien à l'emploi. Il s'agit de «Moubadara», affecté à la promotion de l'emploi au sein des associations de proximité, œuvrant dans le champ socio-pédagogique, «Taater» orienté vers les diplômés au chômage de longue durée et «Istiab» devant servir de système incitatif pour assurer l'intégration de l'économie informelle. De nouveaux mécanismes de veille Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle a également assuré que les efforts viseront la mise en place des mécanismes de veille et des outils d'intermédiation et d'observation, par la création d'un Observatoire national de l'emploi et de la formation, pour une meilleure appréciation des tendances et évolutions du marché du travail. Il est aussi important de souligner l'institution d'une indemnité pour perte d'emploi, mesure adoptée récemment, pour soutenir les salariés perdant leur emploi et améliorer leurs conditions de vie. «Par ailleurs, le gouvernement est amené à réformer en profondeur le système éducation et de formation pour en faire un système souple, réactif et suffisamment ancré dans le milieu professionnel pour améliorer l'adéquation de la formation au marché du travail et satisfaire aux exigences des stratégies sectorielles et des chantiers structurants du pays. Dans ce sens, une nouvelle stratégie de la formation professionnelle à l'horizon 2020 est en cours de finalisation», annonce A. Souhail. En effet, l'emploi est le bout d'une chaîne qui comporte plusieurs maillons dont la formation. «Nous sommes persuadés que nous ne réussirons pas à relever le pari de la lutte efficace contre le chômage des jeunes et la maîtrise des difficultés actuelles sans une croissance inclusive, durable et génératrice d'emplois. La réalisation de cet objectif reste cependant tributaire de la mobilisation générale de toutes les composantes de la société autour d'une politique de développement intégrée, cohérente, mieux coordonnée et surtout focalisée sur la création de l'emploi décent pour tous les jeunes», poursuit le ministre. Cette mobilisation nécessite, indéniablement, selon le responsable gouvernemental, la mise en place de partenariats renforcés et diversifiés entre le gouvernement, le secteur privé, la société civile, les partenaires sociaux ainsi que les partenaires internationaux.