Aujourd'hui, notre rubrique s'intéresse à une petite star de cinéma. Une voiture qui, de son temps, a réussi à marier glamour, fantaisie et fiabilité. Elle a sû faire de l'action et se distinguer aux côtés d'un Belmondo athlétique et bronzé. Elle nous a tordu de rire auprès d'un De Funès aussi délirant qu'hilarant. Elle a également su déambuler paresseusement auprès d'un Peter Falk, dans les guenilles d'un inspecteur Columbo vieux jeu et fonciérement ringuard. Mais aux côtés de tous ces personnages, elle a brillé comme une star. De même qu'elle a excellé à la perfection et pendant des années dans son rôle de prédilection, le meilleur : celui d'automobile bourgeoise pour des milliers d'utilisateurs. Retour sur une voiture qui est rentrée dans le mythe par la grande porte Premiers bains de foule La 403 (8 CV) a connu son premier bain de foule pour la première fois en 1955 au palais de Chaillot au Trocadero à Paris. Il s'agissait d'une berline à toit ouvrant. À l'époque, et jusqu'en 1957, le capot était paré d'un lion chromé, symbole de la marque, un accessoire retiré pour le salon de 1958 car considéré comme dangereux en cas de choc avec un piéton ou un cycliste. C'est au salon 1957 que fut présentée par le constructeur Peugeot la première automobile 403 berline la N4Y à sécurité passive. Peugeot supprimait le lion du capot, offert à l'acheteur toutefois, et remplacé par une petite baguette chromée (pour 1959 montage d'une grande baguette chromée). Plus tard, en 1957, les flèches arrière seront remplacées par des clignotants, les codes européens apparaîtront et les essuie-glaces deviendront parallèles en 1958. 1956 : et le cab' fut ! Le cabriolet est apparu aux premières années de la bête en 1956. Voiture très rare, elle ne sera construite qu'à 2.043 exemplaires jusqu'à la fin 1960. En septembre 1956, naissance de la familiale et de la commerciale, puis le mois suivant de la camionnette bâchée. En octobre 1959 sera commercialisée une version diesel à moteur Indenor, ce qui fera de la 403 la première voiture française diesel de série. Ce même moteur équipera aussi d'autres marques comme Austin, Vauxhall (à Singapour) et des Jeep Willys (en Corée). Cette même année apparaît la version dépouillée la 7cv essence, pas de ventilateur de chauffage, pas de neiman, enjoliveur de 203 moteur en 1290cc de la 203, mais avec cache culbuteurs de 403 donc admission d'un côté et échappement de l'autre, pas de déflecteur aux portes avant poignées et manivelle en plastique banquette à l'avant, volant de la 203, calandre simplifiée sans la moustache. 1959 est la seule année où il n'y a aucune inscription sur la malle arrière. Véhicule de «bobos» ! Discrète voiture familiale de la bourgeoisie, la 403 ne s'est guère distinguée en compétition. On notera cependant l'exploit de l'équipage Baillou-Triou au Rallye d'Automne 1957 qui s'est imposé au classement général devant une Porsche Carrera. À défaut de puissance débridée, la robustesse légendaire de son moteur lui a tout de même permis de figurer aussi honorablement sur les neiges du Rallye Monte-Carlo et du Rallye des Neiges de Finlande (première au général en 1957, 1958 et 1959), que dans les sables et la boue de l'East African Safari Rallye ou encore au Tour d'Australie (première en 1956). La Peugeot 403 fut produite à 1.214.126 exemplaires. Sa construction a été arrêtée en novembre 1966, le dernier exemplaire étant une 8 CV de couleur crème. La voiture de Monsieur l'inspecteur On dirait qu'il a dormi toute la nuit dans ses fringues ! Look négligé, imperméable poussiéreux et froissé, un vieux cigare éteint aux lèvres et le tout, accompagné d'un petit basset aussi dynamique qu'une moule cuite, le personnage de l'inspecteur fait la collection des clichés ! Le comble dans tout ça c'est que pour mouvoir l'inspecteur de Los Angeles, ce n'est pas une berline américaine qui fut choisie, mais bel et bien un cabriolet Peugeot 403 brinquebalant ! Quand je vais dire ça à ma femme… Le constructeur français, lui-même, ne s'explique pas comment la voiture a pu arriver jusque-là, car le cabriolet 403 n'a jamais été vendu outre-Atlantique! D'après la légende, Peter Falk, le comédien jouant l'inspecteur Columbo, refusait toutes les voitures proposées par la production car elles ne lui convenaient guère. Il fallait rajouter une touche de plus aux nombreux clichés qui marquaient le personnage (imperméable, cigare, le basset, l'épouse toujours citée mais jamais vue…). Cette fois il fallait en rajouter un, mobile de surcroît ! Et puis, la révélation, la veille du tournage ! Un comédien français en voyage aux Etats-Unis, Roger Pierre, lui présenta son automobile perso (la fameuse 403 cabriolet) et l'ami Peter en tomba amoureux ! Ce sera elle, et aucune autre ! Peugeot se refusa toujours d'aider la production, l'état déglingué de la voiture n'étant pas forcément émetteur d'une belle image…