Des manifestations sont prévues tout au long du week-end dans les villes de provence et à Paris pour la démocratie et contre l'extrême droite, tandis que Le Pen, imperturbable, poursuit sa campagne d'entre-deux tours. «Pour l'égalité des droits et la démocratie, contre le racisme et l'antisémitisme, contre l'extrême droite et pour faire battre Le Pen». A l'appel d'un très grand nombre d'associations, de syndicats et de partis politiques, plusieurs manifestations et rassemblements sont organisés ce week-end dans les principales villes de France. Une mobilisation de grande envergure qui ne fait cependant qu'annoncer la gigantesque manifestation prévue le 1er mai à Paris. En attendant, ce samedi a été décrété «journée nationale de mobilisation citoyenne et républicaine », par une soixantaine d'associations rejoignant l'initiative lancée par le MRAP - Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - dès l'annonce des résultats du premier tour, dimanche dernier. Le défilé parisien doit d'ailleurs rassembler la Ligue des Droits de l'Homme, SOS Racisme, ATTAC, mais aussi les syndicats CGT, UNSA, celui de la magistrature, la Confédération syndicale des Familles. Plusieurs partis de gauche comme le PC, Les Verts et la LCR, se sont aussi associé à la marche, tout comme une délégation de sans-papiers, la LICRA (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme) et l'UEJF (Unions des étudiants juifs de France), avec le slogan «j'aime la République, je combats Le Pen». Cette mobilisation massive est d'ailleurs le point d'orgue de toute une semaine de regain citoyen, avec des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes dans toutes les villes de France. Jeudi, ils étaient encore plus de 350.000 à arpenter les rues de pas moins de 253 villes, selon les chiffres du ministère de l'intérieur. Ce même jour, Jean-Marie Le Pen, invité de RMC-Info menait d'ailleurs campagne en faveur du rétablissement de la peine de mort, suite à l'acquittement de Patrick Dils – innocenté du meurtre de deux enfants après 15 ans de prison - la veille. «Compte tenu de la dégradation de la notion de peine et de châtiment, il est nécessaire, pour redonner une proportionnalité entre les crimes et la peine, de rétablir la peine suprême contre des crimes particulièrement odieux», a ainsi déclaré Le Pen. Le lendemain, lors de son discours dans sa villa de Saint-Cloud, le candidat frontiste a encore manié avec savoir-faire la parole. « Je ne suis pas plus raciste que M. Tony Blair » a-t-il tout d'abord annoncé. Tout en suggérant d'organiser « un train spécial » d'immigrés clandestins du centre de la Croix Rouge de Sangatte (Pas-de-Calais) – qui accueille des volontaires à l‘immigration pour la Grande Bretagne - pour « les envoyer à M. Blair ». Le Pen a ensuite voulu envoyer un message rassurant aux étrangers de France. «Je voudrais leur dire : vous ne craignez rien, personne n'a rien à craindre de mon arrivée à la présidence de la République », a-t-il dit. « Je suis respectueux des femmes et des hommes de mon pays, même quand ils sont étrangers. Simplement, j'exige d'eux qu'ils respectent les lois et qu'ils se coulent dans notre moule national». Il a aussi renchéri dans son projet de sortir la France de l'UE et de renégocier les traités européens, estimant que « la dérive de l'Europe de Maastricht vers l'euro-mondialisme prive le pays d'un élément fondamental et constitutionnel, son indépendance». Après s'être posé comme « le justicier» contre « le justiciable » Chirac – en référence aux affaires dans lesquelles est impliqué le président sortant -, le leader de l'extrême droite a fini par déclarer qu'un score de moins de 30 % au soir du second tour serait un échec. Mais il a aussi réaffirmé qu'il ne désespérait pas de battre la « République des copains et des coquins».