Deux ans après le succès mondial de «Tout sur ma mère», le réalisateur espagnol Pedro Almodovar est de retour dans les salles européennes avec un mélodrame particulièrement apprécié, «Parle avec elle». «Les hommes pleurent aussi mais je crois que les femmes pleurent mieux», avait déclaré Almodovar, paraphrasant le peintre Raphaël, lorsqu'il était sur le tournage de «Femmes au bord de la crise de nerfs» en 1987. Et il aura fallu quinze années d'attente pour que le cinéaste se décide enfin à faire pleurer les hommes. Après Victoria Abril et Marisa Paredes, les larmes coulent dans «Parle avec elle» mais cette fois-ci sur des joues masculines. Car si pour son quatorzième film, Almodovar parle encore d'amour et de solitude, il le fait cette fois-ci dans un mélodrame très intimiste. «Parle avec elle» met à l'œuvre un journaliste, Marco (Dario Grandinetti), et Benigno (Javier Camara) l'infirmier. Deux hommes qui se croisent sans se connaître au Café Müller lors d'un spectacle de danse de Pina Bausch. Quelques scènes plus tard, ils se revoient par hasard dans une clinique, chacun au chevet de la femme de sa vie, plongée dans le coma. Benigno veille sur Alicia (Leonor Watling), jeune danseuse victime d'un accident de voiture, tandis que Marco accompagne Lydia (Rosario Flores), torero encornée au cours d'une corrida. Et les deux hommes blessés, meurtris, vont devenir amis. «Parle avec elle» est un film sur «la valeur thérapeutique de la parole, la nécessaire communication entre les êtres humains», selon Almodovar lui-même. A en croire les critiques publiées dans la presse européenne, ce film pourrait bien être une des œuvres les plus accomplies du cinéaste. « A la fois le film le plus sensuel et le plus réflexif de son auteur » , ont même écrit certains. • Caroline bergès «Parle avec elle» de Pedro Almodovar Avec Javier Cámara, Darío Grandinetti, Rosario Flores, Leonor Watling 2002