Noor dit qu'elle va interpréter le rôle principal dans le prochain film du cinéaste espagnol Pedro Almodovar. Elle raconte tout à ALM de la fabuleuse aventure qui l'a menée à rencontrer l'un des plus célèbres réalisateurs de notre temps. «C'est un vrai conte de fée. Je me sens comme Alice au pays des merveilles». Celle qui tient ces propos est la danseuse Noor. Elle est fondée de ne pas cacher sa joie. Pedro Almodovar, le grand cinéaste espagnol, l'un des noms qui brillent d'un éclat distingué dans le ciel des réalisateurs les plus doués de notre temps va lui confier le rôle principal dans son prochain film. Noor est évidemment toute désignée par entrer par la grande porte dans l'univers de Almodovar. Elle adorait ses films et ses personnages ambigus, dit-elle. Certains personnages dans les films de l'Espagnol correspondent au vécu de la Marocaine. Faut-il rappeler qu'enfant, Noor voulait devenir soit procureur, soit danseuse ? Un personnage dans «Talon aiguille» cumule pratiquement ces deux qualités. Mais comment Noor a-t-elle pu intéresser un cinéaste qui cherchait vainement, depuis un an, un personnage pour son nouveau film? Elle dit que son histoire avec Almodovar a commencé au Festival international du cinéma de Marrakech. «Un producteur français m'a remarquée à Marrakech. Il m'a entretenue du nouveau de Pedro Almodovar. Je lui ai remis des photos sans grande conviction». A sa grande surprise, Noor reçoit un coup de fil de ce mystérieux intermédiaire qui lui annonce que le réalisateur espagnol a vu les photos, et qu'il souhaite voir de plus près cette «irrésistible créature». «Je veux la rencontrer !» insiste-t-il. Noor ne se fait pas prier plus longtemps. Le lendemain, elle prend l'avion pour Madrid. Il rencontre le jour même Pedro Almodovar. «Il» parce que Noor était habillé d'une façon décontractée, selon la mode masculine. Almodovar s'est brièvement entretenu, en début d'après-midi, avec un jeune homme. Il en sera autrement le soir. Noor s'est transformé pour le dîner en tête-à-tête avec le cinéaste dans un restaurant «très chic» de Madrid. Elle portait des vêtements féminins et de longs cheveux noirs postiches. En l'accueillant, Almodovar n'a pas s'empêcher de s'écrier : «c'est vous, celui, euh ! celle de l'après-midi?» Dans cette hésitation du réalisateur se trouve le personnage après lequel il a couru depuis un an sans réussir à le rattraper. Il avait son personnage en face de lui. Un personnage qui n'a pas besoin de passer du masculin au féminin. Il n'a pas besoin de jouer son rôle. Il évolue dans la vie conformément au souhait du réalisateur. C'est son vécu que ce dernier lui demandait de jouer. Un rôle taillé de toutes pièces pour Noor la Marocaine. Ce qui surprend plusieurs personnes qui s'étonnent du fait qu'elle vive et travaille -sans se cacher- dans une réalité socioculturelle qui ne se prête pas à ce genre de non-conformisme. De quoi s'agit-il dans le nouveau film de Almodovar ? Noor l'ignore, elle sait seulement qu'elle va interpréter un personnage androgyne. Interrogée sur la teneur de sa conversation avec le cinéaste espagnol, elle répond : «Pedro parle très peu. Il m'a surtout écoutée dire. Il était là aussi pour ça, et moi je me devais de le convaincre, de le séduire. Je crois qu'il en a eu pleins les yeux !». Noor parle couramment l'espagnol, et se prévaut de solides amitiés dans le milieu du 7ème art en Espagne. A commencer par l'actrice Victoria Abril qui l'a appuyée pour décrocher le premier rôle dans le film. Noor se prépare déjà pour être à la hauteur de ce rôle. «je vais rencontrer très bientôt Pedro Almodovar pour signer mon contrat. Si ce n'est pas dans quatre jours, c'est dans une semaine» dit-elle. Elle ajoute qu'elle ne veut plus se faire avoir. Elle a chargé un manager de négocier son contrat. Et c'est ainsi qu'après un rôle dans le dernier film de Nabil Ayouch, les portes du cinéma international s'ouvrent toutes grandes à la danseuse. Maintenant qu'elle est en passe de devenir une star du 7ème art, Noor va-t-elle abandonner la danse ? Jamais de la vie ! affirme-t-elle. Elle ajoute : «la danse est ma source d'énergie. Elle mène à tout, et je serais bien ingrate de l'oublier alors que je lui dois ce que je suis».