Entretien. Dans le numéro 304 d'ALM, Nabil Ayouch a réagi à la demande d'interdiction de son dernier film par le PJD. Noor n'apparaît dans aucune des trois séquences qui ont provoqué la colère des Islamistes. La presse a écrit le contraire. Noor réplique et révèle certaines vérités sur le film. Confessions d'une artiste blessée. Aujourd'hui le Maroc : Pourquoi souhaitez-vous réagir aux propos rapportés dans la presse? Noor : Je suis touchée, affectée, lacérée au fin fond de ma personne. Je n'ai rien à voir avec ce genre de rôles qui sont contraires à mon éducation, à ma conduite dans la vie. Je le dis et je le répète : je ne figure pas dans les fameuses scènes osées de Nabil Ayouch, et jamais je ne me permettrais de paraître dans des scènes pareilles. Jamais ! Ni pour Pedro Almodovar avec qui je m'apprête à tourner un film, ni même pour le plus grand producteur américain. Jamais ! Ecoutez : je suis déjà suffisamment flashante comme personne de par mon look et mon personnage. Et cela fait déjà beaucoup de brouhaha, alors je ne vais tout de même pas tourner des scènes X pour m'attirer davantage d'ennuis. C'est injuste que je sois incriminée pour des choses que je n'ai pas commises. Les personnes qui prétendent que je figure dans ces scènes n'ont pas vu le film. Elles ne se rendent pas compte du tort qu'elles me font. Pouvez-vous détailler la nature du tort dont vous parlez ? Je suis atteinte ! les propos mensongers rapportés dans une certaine presse me causent beaucoup de problèmes. Tous les jours, je reçois des appels ! Lundi dernier, j'ai reçu un appel d'un islamiste qui a évoqué cet article. J'ai paniqué, et j'ai raccroché. Immédiatement après cet appel, je suis partie voir Nabil Ayouch. J'ai été malheureusement très déçue par l'égoïsme de Nabil. Il a défendu son film, il n'a pas défendu Noor dans son film. J'en veux à Nabil Ayouch, parce que je trouve que c'est malsain ! Il n'a qu'à assumer son film sans nous mettre, nous les comédiens, dans la mouise. Surtout moi qui suis soft dans le film. Les deux principaux personnages, Loubna Azabal et Nourredine Arhilou, sont les seuls à s'ébattre dans le film. Ils vivent tous les deux à l'étranger et sont par conséquent à l'abri de toutes les tracasseries. Mais, moi Noor du Maroc, je suis ici et j'ai ma réputation à défendre. Je danse dans ce film, j'interprète un personnage de danseuse oui ! Ce personnage a une relation affective avec Kamal, oui ! Mais à aucun moment dans le film, ce personnage ne se dévêt ou n'a une intimité sexuelle avec Kamal ! Et je ne peux même pas imaginer le tort qui sera fait à ma vie professionnelle. On m'a toujours sollicitée, appréciée et fait appel à mes services en tant qu'artiste et non pas comme un homme travesti ou transsexuel. J'ai mis des années à imposer Noor l'artiste. Et aujourd'hui, je risque de voir s'effondrer le fruit de tous mes efforts Regrettez-vous d'avoir fait ce film ? Oui ! je suis mêlée à un engrenage qui me fait regretter d'avoir tourné dans ce film. En plus, Nabil Ayouch fait la promotion de son film sur mon dos. Il défend ses intérêts et oublie jusqu'à quel point ma vie est bouleversée par cette couverture de presse. C'est mon image qu'on met sur le devant de la scène et non pas celle de Nabil. J'ai toujours respecté tout le monde, et c'est pour cela que les gens me respectent. Mais là, on risque de me faire du mal à cause du film de Nabil. Mon image est souillée à cause de ce film. Je demande une correction de ce qui a été dit. J'ai le droit de me défendre, puisque Nabil Ayouch défend seulement ses intérêts. Il a envoyé un droit de réponse à ce journal où il me cite dans un tout petit paragraphe, alors qu'il a abondamment détaillé le reste pour attirer les feux des projeteurs sur sa personne. C'est de moi qu'il est question dans cette presse. C'est soi-disant moi “par qui le scandale arrive”! Vous semblez en vouloir autant à Nabil Ayouch qu'à la presse. Pourquoi ? À cause de Nabil Ayouch, toute ma carrière artistique risque de changer. Je suis hors de moi, parce que je n'ai pas été sollicitée pour tourner un film cinématographique. Je ne l'ai pas encore avoué, mais il est temps de révéler certaines vérités. J'ai été sollicitée, et j'ai toujours la copie du contrat, pour un téléfilm pour ARTE. Dans mon contrat, il est clairement précisé : “Noor comédienne pour un téléfilm”. Je l'ai tourné moyennant un cachet minable, et maintenant c'est toute ma vie qui risque de changer, parce que Nabil a décidé d'en faire un film cinématographique. Sans mon consentement, je me suis retrouvée sur l'affiche d'un film cinématographique ! Là, je suis profondément touchée, parce que j'estime que je me suis fait avoir : je me suis engagée pour tourner dans un téléfilm et je me retrouve dans un film cinématographique qui plus est scandaleux. Monsieur Nabil Ayouch m'a demandé d'être solidaire, ce que j'ai accepté. Mais il y a une limite! C'est ma peau que je risque en ce moment. En plus, il n'a pas été solidaire avec moi, puisque Noor est mêlée à une histoire dont personne ne peut prédire l'issue.