Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar s'est rendu au sud de l'Algérie pour assister à un festival, organisé par le polisario du 21 au 24 novembre. Ce réalisateur cautionne naïvement les fins propagandistes de cet événement, une année après avoir décliné une invitation au festival de Marrakech. Pedro Almodovar laisse tomber le cinéma et s'en va prêcher la cause du polisario dans le désert. Il s'est rendu vendredi dernier au sud de l'Algérie pour assister à la cérémonie d'ouverture de la première édition du festival international de cinéma du Sahara à Smara. Cette localité, à ne pas confondre avec son homonyme marocain, est un campement de “réfugiés sahraouis“. L'expression est consommée et obéit à une idéologie que les dirigeants du polisario s'essoufflent à maintenir en vie. L'événement cinématographique repose sur la même propagande. Son objectif : “Sensibiliser la communauté internationale à l'intransigeance du Maroc qui refuse de collaborer avec l'ONU pour l'organisation du référendum“. Cette phrase est inscrite dans le programme des quatre journées qui a été remis au cinéaste Pedro Almodovar et à la délégation espagnole, forte également d'un autre réalisateur de renom : Luis Garcia Berlanga. Le plus clair des films, projetés sur un écran dressé en plein air, vient de l'Espagne. L'argent aussi : des associations espagnoles ont financé l'événement. Le déplacement de Pedro Almodovar dans les camps du polisario intervient une année après son refus de se rendre à la deuxième édition du festival international du film de Marrakech. Cette manifestation avait programmé un hommage à l'auteur de “Tout sur ma mère“. On se souvient de la polémique qui avait fait suite à la fin de non-recevoir d'Almodovar. L'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun avait publié une lettre ouverte dans le quotidien catalan “La Vanguardia“ où il accusait le cinéaste espagnol de céder aux “pressions médiatiques et politiques“, alors que les relations entre l'Espagne et le Maroc étaient encore tendues après la crise de l'îlot Persil. Pour le romancier, Pedro Almodovar “choisit le conformisme propre à un héritier du franquisme et grossit ainsi les rangs d'une majorité d'Espagnols pétris de préjudices anti-arabes, qui pratiquent un racisme vulgaire et qui justifient l'occupation de villes marocaines comme Ceuta et Mellila“. Pedro Almodovar avait répondu, dans le même journal, en expliquant son absence par “des circonstances professionnelles et personnelles, sans aucune interférence extérieure, et encore moins de pressions médiatiques ou politiques“. Pourtant, son refus de se rendre à Marrakech prend un sens très politique avec son déplacement au festival cinématographique du Polisario. Il devient significatif d'une position sur le conflit au sujet du Sahara marocain. Une position hostile au Maroc et naïvement dupe des discours indépendantistes que vendent les dirigeants du polisario. Un artiste est évidemment enclin à accorder sa sympathie à une minorité qu'il s'imagine opprimée par un Etat fort. La même situation s'est produite lorsque des intellectuels français ont amendé la révolution de Fidel Castro à Cuba. Une grande délégation s'était alors rendue à La Havane. Certains n'ont pas tardé à revenir de leurs illusions en constatant les pratiques très peu démocratiques du nouveau régime de Cuba. Ils ont eu le courage de se saisir de la réalité, parce qu'ils sont responsables de leurs propos. Ils savent que les visions romantiques recouvrent rarement des actes héroïques. Et Pedro Almodovar serait surpris, s'il en avait un tant soit peu l'envie, des agissements des dirigeants qu'il soutient envers les prisonniers marocains. Des mesures d'intimidation pour maintenir à l'état de séquestration les populations des camps. Un créateur a une responsabilité envers ses positions politiques. Il ne peut pas les prendre entre deux tournages. Il ne peut pas les adopter sans faire, sous plusieurs angles, le tour de la question. Pedro Almodovar s'est rallié à la position du polisario d'un point de vue exclusif – celui des polisariens. Ils font leur cinéma sur un écran qui cache la réalité aux âmes naïves.