Peut-on dire que l'Union nationale des forces populaires est en perte de vitesse ? Ce serait même plus grave ! Il est l'un des plus anciens partis que compte la scène politique marocaine. Issu de la première scission qu'a connue le parti de l'Istiqlal en 1959, avec la montée en puissance des fédérations unifiées, sous la houlette de Mehdi Benbarka et Abderrahim Bouabid, le parti que dirige depuis toujours le doyen des leaders politiques, Abdellah Ibrahim, est depuis des décennies en marge de la vie politique. Effectivement, l'Union nationale des forces populaires qui a connu une scission historique en 1972, qui a donné lieu à la création de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), ne s'en est toujours pas remise. Les principaux meneurs de l'UNFP, d'alors, connus sous le nom de groupe de Rabat ont été les instigateurs de la scission et ont par là même vidé le parti de Ibrahim de ses dirigeants les plus actifs. Ce sont ces mêmes leaders, et notamment Omar Benjelloun, qui vont dans la foulée de la création de l'USFP provoquer une scission syndicale au sein de l'UMT et créer la Confédération marocaine du travail (CDT) . Aujourd'hui, trente après, que reste-t-il de l'UNFP ? des locaux vétustes, exception faite du siège du parti à Casablanca qui a connu ces quatre dernières années des travaux d'entretien et de réaménagement qui lui ont permis d'accueillir certaines manifestations des familles des détenus politiques ou du comité pour le retour d'Abraham Serfaty. Le local du parti à Marrakech, un fief de l'UNFP des temps glorieux, avec en première ligne l'ex-bâtonnier, Khalil Ouerzazi, sis au quartier R'mila, a connu lui aussi des aménagements pour abriter certaines rencontres du même genre, voire des réunions pour l'unification des entités de l'extrême gauche… A part ces manifestations, qui rappellent l'existence quasi-virtuelle de l'UNFP, rien ou presque ne laisse présager d'un quelconque retour de vitalité. En 1989, l'UNFP a rejoint les rangs de la Koutla démocratique. Une initiative qui aurait pu lui permettre de gagner en vitalité. Mais le manque de relève l'a desservie, encore une fois et sa participation à la Koutla est presque gelée. Et c'est tout à fait compréhensible que le parti refuse de prendre part aux élections. Et à chaque fois que des échéances électorales approchent, la direction de l'UNFP, appuyée par certains syndicalistes UMT, ressort les mêmes arguments pour dire son refus du jeu démocratique : réforme de la constitution, garanties d'élections transparentes… Mais à vrai dire, on voit mal comment l'UNFP, dénuée de moyens, sans base solide, peut-elle faire basculer les choses de son côté. Même la vigueur des jeunes, le parti l'a perdue, n'arrivant plus à renouveler ses effectifs. En définitive, l'existence même de ce parti historique est identifiable au seul nom de son chef de file, Adballah Ibrahim, qui avec l'âge respectable qui est le sien ne fait presque plus entendre sa voix. Une odeur de fin de partie, en somme.