Younes Reggab est âgé de 33 ans. Il a réalisé son premier cour-métrage «Khouya» en 2003 sur un sujet peu tabou au Maroc : l'euthanasie. «Je ne voulais pas aborder n'importe quel sujet pour mon premier court-métrage». Younes évoque aussi dans ce film l'handicap. Selon lui, l'euthanasie existe au Maroc mais indirectement. «Des amis m'ont raconté l'histoire de gens qui leur sont proches et qui ont arrêté de prendre leurs médicaments sans raison pour mourir», confie-t-il. Le film «Khouya» (Mon frère) raconte l'histoire d'un handicapé atteint d'une maladie cardiaque et qui refuse de suivre son traitement alors son frère faisait tout ce qui est en son pouvoir pour le sauver. Ce film autoproduit et où participent avec lui ses amis, acteurs amateurs bénévoles, a reçu le prix de la meilleur interprétation masculine au Festival de l'école IGA de Rabat. Younes tourne en 2005 son deuxième court-métrage qui s'intitule «Destin de famille». La qualité de cet opus est cette fois d'un niveau professionnel. Etaient à l'affiche du film des acteurs confirmés notamment Mohamed Khouyi, Fatima Ouatili et Walid Majd le fils de Mohamed Majd. Ce film reçoit le grand prix de la 32ème édition du festival film indépendant de Bruxelles en 2005 et dont le jury était présidé alors par Noureddine Sail. Ce film a reçu également le grand Prix du Festival de Martil entre autres récompenses dans d'autres manifestations. La thématique de «Destin de famille» est elle aussi autant forte que celle du premier court-métrage. Il y est question de pédophilie dans ce film. Le tout récent film est aussi un court-métrage. Il date de 2008 et s'intitule «Minuit». Ce film qui a obtenu le grand Prix du festival de l'école «IGA» est quant à lui, en compétition officielle au Festival du cinéma national de Tanger et qui se déroulera du 13 au 20 décembre. Ce film met en scène un schizophrène, un homme qui change de personnalité à partir de minuit. Mais pour le jeune Younes Reggab, tourner un film n'est jamais une tâche facile. «Je ne sais pas quand je vais réaliser un long métrage. Mais c'est un projet avec lequel je vie au quotidien», dit Younes qui par ailleurs réalise à chaque fois des films personnels et qui a aussi déjà eu l'occasion de tourner un téléfilm en 2006 produit notamment par Ali'N production et qui s'intitule «Fanida». Selon lui toute son expérience constitue des acquis qui l'aident dans son rêve de toujours : la réalisation d'un long-métrage. «Je m'inspire pour mes films de la société marocaine, une société qui regorge de sujets et de problèmes. Ainsi, le cinéma est pour moi un moyen de faire passer des messages», explique-t-il. La phrase de Mohamed Bakrim selon laquelle : «Un film qui plaît est un film qui fait que notre vie ne sera plus la même après l'avoir vu», constitue pour Younes Reggab l'exigence qu'il s'impose. Avant de se lancer dans la réalisation, Younes faisait du montage et ce de 1997 à 2000. Il a également été cameraman jusqu'en 2003. Il est diplômé en audiovisuel, camera montage et son. Il a assisté à un premier plateau de tournage alors qu'il était âgé de 7 ans. C'était pour le tournage du film «Halak derb el Fokara» (Le coiffeur du quartier des pauvres) et dont le réalisateur n'est autre que son père feu Mohamed Reggab, l'un des vétérans du cinéma national. Est célébrée 16 octobre date commémorant la disparition de ce dernier, la Journée nationale du cinéma. Journée qui a été rétablie cette année par le ministère de la Communication lors des dernières Assises du cinéma en octobre 2008. Younes avait quinze ans quand son père s'est éteint. «Je n'ai pas trop bénéficié de l'expérience de mon père et je n'ai pas eu l'occasion de recevoir de ses mains son savoir-faire cinématographique ou encore sa profonde culture», déclare-il. Mais la passion du cinéma semble héréditaire chez la famille Reggab. Par ailleurs Younes avoue que sa génération a profité de l'expérience de ces anciens cinéastes et des avantages qu'ils ont permis au cinéma marocain, un cinéma riche et diversifié, d'acquérir. Parmi ces acquis, il note la création du CCM, le fonds d'aide au cinéma, la multiplication des festivals et des chaînes… «C'est grâce à cette génération qui s'est sacrifiée pour sa passion et les jeunes que travaillent actuellement dans des conditions plus décentes», conclut-il