"Les feuilles mortes" est le premier long métrage de Younes Reggab qui a déjà à son actif un bon nombre de courts métrages dont certains primés dans divers festivals. Début prometteur pour le fils d'un cinéaste connu et estimé dans le milieu du cinéma marocain et qui a laissé un grand vide après sa mort prématurée en automne 1990. La relève est surement assurée puisque trois enfants du défunt ont choisi le cinéma en tant que profession: Ali (chef opérateur), Younes (acteur-réalisateur) et Anissa (assistante, comédienne, et touche-à-tout). On va retrouver les trois enfants de Reggab dans ce premier long métrage dans leurs fonctions respectives: "Les feuilles mortes" pour lequel de grands efforts certes ont été fournis, efforts inévitables à une première oeuvre qui compte, pour les cinéastes du Sud en général, des défauts plus que de qualités. Ne dérogeant pas à la règle, "Les feuilles mortes" est un film inaccompli tant au niveau du thème, du genre que du traitement. Le choix d'un sujet compliqué écrit en principe en collaboration avec trois "scénaristes" inconnus devient en fin de compte un cumul de sujets épars sans véritable cohérence. Evitant de travailler avec un scénariste chevronné, expérimenté et professionnel, Reggab avait réduit ses chances de partir de bases sures et fructueuses. Vient s'ajouter à cette première difficulté, celle du genre, carrément un thriller, reposant essentiellement sur une intrigue et un dénouement. Or l'auteur ne réussit ni l'une ni l'autre. Maladroit, il prolonge indéfiniment le déclenchement de l'intrigue laissant dans l'expectative un spectateur dérouté, pendant de longues et interminables minutes, par l'exposition des personnages, plus ou moins inutiles. Aussi, la multiplication exagérée des personnages va compliquer inévitablement le dénouement qui s'avère inefficace, provoquant une frustration inégalée face à un film dont on a du mal à supporter les aboutissants, tellement familiers et intrinsèques au genre. Ce n'est hélas pas les seuls défauts puisque la vraisemblance, facteur déterminant dans toute fiction, fait affreusement défaut au film. Et pour illustrer cette défaillance professionnelle, ce ne sont pas les exemples qui manquent. On va se limiter à celle du personnage principal, en l'occurrence Ghazi, campé par Rabie Kati, flanqué d'une cicatrice à vous couper l'appétit et finalement provoquée par un simple coup de poing! Devant toutes ces imperfections, innées à une première oeuvre, les clins d'œil, allusions et autre hommage, relèvent d'un luxe dont on n'a pas bien assuré... le cadre. Résumé du film Zahra, jeune professeur de danse, prépare le spectacle de fin d'année de son conservatoire. Elle est très appréciée et protégée par la directrice madame Serfaty, juive marocaine et estimée de tous. Zahra, à qui tout semble réussir, cache un terrible secret. Son adolescence dramatique la pousse inconsciemment à commettre des gestes irréparables. Ghazi, un borgne défiguré, obsédé par Zahra, l'espionne nuit et jour. Fiche technique: Origine : Maroc Année : 2014 Durée : 2h 7min Réalisation : Younes Reggab Scénario : Younes Reggab/ Younes Chara/Aziz Ablagh /Ahmed Lamine Image : Ali Reggab Son : Issam Khayat Montage : Younes Reggab/Haitam Ahammad Fiche artistique: Rabie Katti/ Younes Reggab/ Sanae Bahaj/ Yasmina Massoudi/ Hasnae Moumni/Rabie Benhjail/Nabyl Atif/ Nadia Niazi/Hamid Najah/ Assia Reggab