L'école marocaine va mal. Dans son rapport intitulé «Vision stratégique 2015-2030 : pour une école de l'équité, de la qualité et de la promotion», le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) répertorie les nombreux dysfonctionnements. La déperdition scolaire, la faible maîtrise des connaissances et des langues, les lacunes de la formation initiale et continue et l'accès limité à l'apprentissage sont autant d'obstacles auxquels est confronté notre système éducatif. Il en résulte le constat amer selon lequel l'école n'a toujours pas la capacité d'accompagner efficacement le pays dans son développement global. Conscient de tous ces enjeux, le Conseil a mené de larges consultations nationales et régionales avec les acteurs du système éducatif pour élaborer une nouvelle vision stratégique. Celle-ci s'étend sur la période 2015-2030, et a pour finalité d'asseoir une scolarisation nouvelle qui repose sur trois grands fondements : l'équité et l'égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion de l'individu et de la société. Un véritable contrat national Le Conseil recommande de traduire le contenu de cette vision sous forme d'une loi-cadre promulguée par le Parlement, qui fera foi d'un contrat national. Le Conseil plaide dans son rapport pour la généralisation de l'enseignement fondée sur l'égalité des chances. Pour y parvenir, il propose un ensemble de mesures. Le CSEFRS estime qu'il faudrait engager l'Etat et les familles dans l'obligation de l'enseignement préscolaire et prévoir son intégration progressive dans l'enseignement primaire. Garantir le droit à l'éducation et à la formation aux personnes handicapées figure également parmi les priorités de cette stratégie. Pour lutter contre l'analphabétisme, le Conseil juge qu'il est important de mettre en place des programmes intensifs d'éducation non formelle pour réintégrer les enfants non scolarisés ou ceux qui sont en âge de scolarisation. Le Conseil estime aussi que l'enseignement privé est un partenaire incontournable de l'enseignement public dans la généralisation et la réalisation de l'équité. La qualité : Plus qu'un impératif, une urgence ! Rehausser la qualité de l'école, ses prestations et son rendement est devenu un impératif incontournable dans la réforme de l'éducation. Le Conseil recommande une restructuration plus cohérente et plus flexible des différents cycles de l'école. Il propose ainsi d'intégrer l'enseignement préscolaire à l'enseignement primaire et lui rattacher également l'enseignement collégial. L'objectif étant de créer un enseignement obligatoire cohérent et complet. Autre mesure importante : le Conseil recommande de mettre en place un système d'équivalence des diplômes professionnels issus de formations non universitaires pour permettre aux titulaires de poursuivre des études supérieures, sur la base de critères académiques et d'un cahier des charges précis. Par ailleurs, le Conseil considère qu'il faudrait rénover le modèle pédagogique actuel. Une révision des programmes et des méthodes pédagogiques s'impose plus que jamais pour permettre aux élèves de développer leur capacité à l'observation, à l'analyse et à la pensée critique. La culture générale doit figurer comme l'un des principaux axes des cursus scolaires. Les langues au centre de tout… Dans sa vision stratégique, le CSEFRS accorde une place de choix à la maîtrise des langues. Le Conseil recommande une nouvelle architecture linguistique fondée sur le plurilinguisme et l'alternance des langues. Ainsi, trois langues seront enseignées dans l'enseignement préscolaire et primaire : l'arabe comme langue principale, l'amazigh comme langue de communication et le français comme langue d'ouverture. L'anglais sera introduit en première année du collège (et en quatrième année du primaire à l'horizon 2025) et une troisième langue étrangère en première année du lycée (l'espagnol notamment). Cette offre plurilingue devrait résoudre le problème que pose le passage d'une langue d'enseignement à une autre entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur. Ainsi, le futur bachelier maîtrisera la langue arabe, la langue amazighe et au moins deux langues étrangères. Pour cela, il faudra élaborer un cadre de référence national commun pour les langues officielles et les langues étrangères présentes à l'école . Celui-ci définira les niveaux de langues, les compétences acquises pour chaque niveau, les méthodes d'apprentissage et les supports nécessaires. Le Conseil propose de créer un système spécifique de certification pour les langues qui précisera leur niveau d'acquisition, quel que soit le niveau scolaire. 1,5% du PIB pour la recherche scientifique en 2025 Dans sa vision stratégique, le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) mise sur la promotion de la recherche scientifique, technique et de l‘innovation. Ce dernier estime qu'il faut élever graduellement le taux du PIB réservé à la recherche pour atteindre 1% à court terme, 1,5% en 2025 et 2% en 2030. Le Conseil a ainsi prévu plusieurs mesures pour la réalisation de cet objectif. Il propose de créer de nouveaux pôles économiques et technologiques et encourager les nouvelles spécialités dans les domaines scientifique, technologique, industriel et culturel. Il recommande aussi de renforcer la coopération entre les instances de recherche et les instances nationales chargées des brevets, de leur commercialisation et de la protection de la propriété intellectuelle. Parmi ses autres recommandations, figure la création d'un conseil national de la recherche. Formée de chercheurs de diverses spécialités, cette structure sera chargée de la stratégie de la recherche, de l'orientation et de la coordination.