L'école de l'équité et de l'égalité des chances, l'école de la qualité pour tous et l'école de la promotion individuelle et sociale. Ce sont là les trois piliers de la réforme de l'école marocaine pour les quinze années à venir. Un chantier supervisé par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) qui vient de lever le voile sur le fruit d'un travail de plusieurs mois pour l'élaboration de la vision stratégique pour la réforme de l'école marocaine (2015-2030). Les grandes lignes de cette vision ont été présentées par Omar Azziman, président du CSEFRS, devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mercredi 20 mai 2015, au Palais Royal de Casablanca. Pour le premier pilier, l'école de l'équité et de l'égalité des chances nécessite cinq actions. Il s'agit de faire de l'enseignement préscolaire une obligation pour l'Etat et pour les familles et l'intégrer dans le cycle de l'enseignement primaire et de faire bénéficier l'école en milieu rural et périurbain et dans les zones déficitaires d'une discrimination positive afin de parer aux déficits. Il est question aussi d'assurer le droit d'accès à l'éducation et à la formation aux personnes handicapées ou dans des situations spécifiques en plus de renforcer la contribution du secteur privé en sa qualité de partenaire du secteur public dans l'effort de généralisation équitable de l'enseignement. Enfin, il faut déployer tous les efforts possibles afin de garantir l'assiduité et la durabilité de l'apprentissage et de combattre l'abandon sous toutes ses formes, le décrochage et le redoublement scolaires. Pour sa part, le second pilier exige six axes. Pour l'école de la qualité pour tous, il faut une refondation des métiers de l'éducation et de la formation dans le sens de l'amélioration des conditions d'accès, le renouveau des rôles et des missions, le perfectionnement de la formation des formateurs et cadres pédagogiques et leur continuelle mise à niveau. Le deuxième axe concerne la révision des curricula, des programmes et des méthodes pédagogiques dans le sens de leur allégement, leur diversification et leur orientation vers le raffermissement intellectuel des apprenants et le développement des capacités d'observation, d'analyse et de l'esprit critique. Le troisième axe est dédié à l'adoption d'un nouveau dispositif linguistique qui s'appuie sur le plurilinguisme et sur l'alternance linguistique. L'objectif est l'apprentissage par tous les apprenants, sur un même pied d'égalité, de trois langues dans l'enseignement préscolaire et primaire, avec la langue arabe comme langue principale, la langue amazighe comme langue de communication, et la langue française comme langue d'ouverture. A ces trois langues s'ajouteront la langue anglaise à partir de la première année du secondaire collégial et une troisième langue étrangère, au choix, à partir de la première année du secondaire qualifiant, selon cette vision. Le quatrième axe penche sur la valorisation de la formation professionnelle, l'extension de sa capacité d'accueil et la reconnaissance de son rôle et de son statut en tant que vivier des compétences individuelles capables de répondre aux exigences de la compétitivité économique, en général, et aux attentes des entrepreneurs et du marché du travail, en particulier. Le cinquième axe jette la lumière sur le respect des règles de bonne gouvernance dont les bases sont l'efficacité et l'efficience, le développement de la responsabilité des acteurs, la convergence des politiques publiques, la rationalisation des ressources et des moyens et l'adoption d'une approche décentralisée, en conformité avec la régionalisation avancée. Le sixième et dernier axe propose la promotion effective et continue de l'université, de la recherche scientifique et de l'innovation, au service du développement et de l'arrimage de la société du savoir. Pour l'école de la promotion individuelle et sociale, la vision stratégique du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique insiste sur l'attachement aux fondements et valeurs religieuses et nationales de notre pays et à notre identité dans la diversité de ses composantes et de ses affluents ainsi que sur la consolidation des vertus de la citoyenneté, de la démocratie et du comportement civique. Elle insiste également sur l'adéquation des formations aux nouveaux métiers et aux métiers du futur, afin d'assurer aux lauréats les meilleures chances de réussite, d'intégration dans la société et de contribution au développement de leurs pays.