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Inadéquation entre les programmes scolaires et la vie active Ce que pensent les citoyens du système éducatif : Faible maîtrise des compétences et des connaissances de base
Résultat du débat public lancé par le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) sur la question éducative par le biais de son portail électronique et qui a consisté à donner la parole aux citoyens et citoyennes pour émettre leurs opinions et partager leurs représentations concernant le diagnostic de l'état du système éducatif, l'étude exploratoire portant sur «le diagnostic du système éducatif et les perspectives de son développement» vient d'être rendue publique. A travers cette enquête, l'opinion publique marocaine s'est exprimée en mettant en évidence plusieurs dysfonctionnements considérés comme des problématiques : celles de la formation continue, de l'incohérence linguistique, de la qualité de l'enseignement, du curriculum et de l'infrastructure. Dans son introduction, l'étude note qu'en adoptant une approche participative dans son examen de la question de l'éducation et de la formation et la recherche scientifique, Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique a étendu son champ de débat sur «le diagnostic du système éducatif et les perspectives de son développement» au grand public. Dans ce contexte, Le CSEFRS a lancé un projet de compilation des différentes interventions, notifications et analyses proposées par les citoyens sur son portail électronique. Cette étude propose une induction des points de vue précités dans le but de diagnostiquer l'état du système éducatif, capitaliser ses acquis, inspecter ses dysfonctionnements et élaborer des propositions à même de promouvoir ses services. Partant du constat que la question éducative est une affaire nationale intéressant toutes les classes sociales, le CSEFRS a insisté sur la participation du public dans le débat concernant le processus de réforme du système éducatif, allant du diagnostic jusqu'à l'élaboration d'une conception partagée de son développement. Dans le but de réaliser un rapport global sur l'état du système éducatif national durant la décennie de la réforme, le CSEFRS a donc lancé un débat public sur la question éducative par le biais de son portail électronique, afin de donner la parole aux citoyens et citoyennes pour émettre leurs opinions, et partager leurs représentations concernant d'une part le diagnostic de l'état du système éducatif, et d'autre part, les perspectives de son amélioration et de son développement. En vue d'une exploitation efficace et efficiente des différentes interventions, le CSEFRS a proposé que ces dernières soient articulées autour de trois axes principaux : - Un premier axe focalisé sur les principaux dysfonctionnements du système éducatif ; - Un deuxième axe exposant les acquis du système éducatif à valoriser et à consolider ; - Un troisième axe focalisé sur les suggestions à même de promouvoir et d'améliorer le système éducatif. Le CSEFRS a reçu 4000 participations sur son portail électronique, et après étude et analyse de contenu, 1027 ont été retenues, réparties en plusieurs catégories d'intervenants, et ce dans le but de réaliser une analyse et une exploitation méthodologique. Dans cette perspective, on peut s'interroger sur les diagnostics proposés par les différentes catégories d'intervenants, et leurs propositions d'amélioration du système éducatif. L'étude du CSEFRS s'est fixé les objectifs suivants : - Délimiter les caractéristiques de la population participant au débat sur le portail du CSEFRS ; - Définir les principaux dysfonctionnements du système éducatif ; - Enumérer les acquis du système éducatif à valoriser et consolider ; - Préconiser les propositions d'amélioration et de mise à niveau du système éducatif. On peut citer les limites et les difficultés suivantes : - La période réservée à la collecte des propositions à partir du Portail du CSEFRS (septembre2013 – octobre, 2013) ; - Difficulté de compléter quelques informations et revoir les intervenants ; - Difficulté de s'assurer de l'identité des intervenants ; - Non représentativité de l'échantillon enquêté ; - La période restreinte réservée à l'étude. Données générales sur la population enquêtée Le nombre de contributions exploitables parvenu au portail du CSEFRS a atteint 1027 contributions réparties de façon inégale sur plusieurs catégories : La catégorie des enseignants du primaire arrive en tête des contributions avec un pourcentage de 18%, suivie par la catégorie des gestionnaires avec 11%. Les catégories d'enseignants du secondaire qualifiant, des inspecteurs et les autres ont atteint chacune environ 9%, tandis que les contributions des syndicats et des enseignants du secondaire collégial, étudiants et parents varient entre 5% et 6%. Le reste des contributions n'a pas dépassé 4%, et concerne les cadres d'orientation, les experts, les élèves, les associations et les formateurs. Dysfonctionnements majeurs Les principaux dysfonctionnements s'articulent autour des problématiques suivantes : - Problématique de la formation continue : Insuffisance des programmes de formation continue, gestion inapproprié des processus de formation continue... ; - Problématique de l'incohérence linguistique : Changement de la langue d'enseignement des matières scientifiques entre le secondaire et l'université, gestion inefficace des pluralités linguistiques, faible maîtrise des compétences linguistiques... ; - Problématique de la qualité de l'enseignement : faible maîtrise des compétences et connaissances de base, faible taux d'écoulement, élèves en surnombre dans les cycles du secondaire ... ; - Problématique du curriculum : l'inadéquation entre les Programmes scolaires et la vie active, matières enseignées à contenus surchargés, condensées et non fonctionnelles, modèle pédagogique non défini...; - Problématique de l'infrastructure : Faible réhabilitation de l'infrastructure et insuffisance de l'offre scolaire dans le milieu rural, insuffisance des équipements et du matériel didactique... ; - Problématique de la mobilisation autour de l'école ; - Problématique de l'encadrement et de la supervision : Déficience dans le système d'encadrement et de la supervision pédagogique. En partant de ce qui précède, le corps enseignant a insisté sur les dysfonctionnements en relation avec son statut social, ce qui a été particulièrement souligné par les enseignants du primaire, suivis par les enseignants du secondaire collégial et du secondaire qualifiant. La catégorie des enseignants chercheurs, des experts et des formateurs a mis l'accent sur les difficultés que les étudiants rencontrent durant leurs cursus scolaires et universitaires. Les enseignants chercheurs se sont intéressés en plus à la dimension stratégique de la gouvernance du système éducatif. Les formateurs pour leur part responsabilisent le corps enseignant, la direction pédagogique et les inspecteurs. Ces deux dernières catégories et les conseillers en orientation ont surtout insisté sur les problèmes dont souffrent les établissements scolaires, et ont critiqué le corps enseignant du point de vue éthique et moral sur les heures supplémentaires réalisées dans les établissements privés. Les élèves et les étudiants ont surtout évoqué les problèmes qui ont un impact direct sur leurs cursus scolaires et leurs orientations. Les diagnostics proposés par les parents d'élèves, les syndicats, les associations et autres ont porté de façon inégale sur tous les dysfonctionnements précités. Les acquis du système éducatif, selon le point de vue des catégories participantes, restent limités par rapport aux dysfonctionnements repérés. En se penchant de près sur ces acquis, il apparaît que ceux portant sur l'aide sociale et les domaines de l'infrastructure et de l'offre de l'éducation dans le milieu urbain dominent le plus. En revanche, la plupart des participants considèrent le reste des acquis dans les autres domaines comme étant porteurs de plusieurs anomalies et dysfonctionnements. Améliorer la qualité et la gouvernance du système éducatif Pour surmonter les dysfonctionnements dont souffre le système de l'éducation et de la formation, les différentes catégories participantes ont proposé un ensemble de pistes et de suggestions pour le développement du système éducatif. Ces propositions concernent un ensemble de domaines, dont deux en premier lieu, à savoir la qualité et la gouvernance. Le domaine des ressources humaines occupe le troisième rang du point de vue des participants. Si des convergences ont été observées dans les participations des différents intervenants sur les domaines de la gouvernance, de la qualité et des ressources humaines, il y a eu aussi une divergence dans l'approche d'autres domaines selon les spécialités et les points d'intérêt de chaque catégorie d'intervenants. En effet, si les inspecteurs ont insisté sur l'opérationnalisation de l'organisation de l'inspection, le corps enseignant, lui, a appelé à la révision de la relation inspecteur/enseignant et sur la généralisation de l'expérience du consulting pédagogique. Pour leur part, les conseillers en orientation mettent en exergue la nécessité de poursuivre l'instauration des structures de l'orientation et l'organisation de leur domaine d'intervention. Les experts, les cadres de la direction pédagogique et les associations soulignent par ailleurs la nécessité d'instaurer des mécanismes d'orientation précoce et de généraliser les services d'information et d'aide à l'orientation, en tant que droits de l'élève et de l'étudiant. Pour les enseignants, tout comme pour les parents d'élèves, ce sont les programmes scolaires qui seraient inadéquats. Dans le même ordre d'idées, les inspecteurs, les formateurs et les enseignants chercheurs proposent la nécessité de réviser les curricula. Les syndicats et les enseignants, eux, mettent l'accent sur le développement et la diversification des services de la fondation Mohamed VI. Quant aux cadres de la direction pédagogique et les enseignants, ils réclament tous des services de santé et de soutien psychologique au sein des établissements scolaires. Enfin, concernant la question de la langue, deux orientations émergent : la première réclame la poursuite de l'arabisation dans l'université, tandis que la deuxième évoque la nécessité de réviser la langue d'enseignement des matières scientifiques dans le secondaire. Les questions prioritaires Dans ce qui suit, nous allons mettre en exergue les propositions les plus importantes contenues dans les différents domaines, et qui ont été considérées comme cruciales et prioritaires pour la réforme à venir : - Poursuivre les efforts en matière de la généralisation, notamment : - L'élargissement du préscolaire ; - L'ouverture des établissements d'enseignement à tous les enfants en âge de scolarisation ; - Maintenir tous les élèves et les étudiants le plus longtemps possible dans leur parcours scolaire et universitaire ; - Garantir que les apprenants acquièrent les connaissances de base et maîtrisent les compétences nécessaires à la vie, ainsi que les règles de la citoyenneté et de la morale ; - Transformer l'école en un environnement pédagogique convenable et convivial qui répond aux aspirations de la communauté et aux besoins du développement durable. - Agir sur l'amélioration des compétences professionnelles et capacités managériales des ressources humaines, par l'adoption et l'obligation de la formation continue et la révision du système de formation initiale ; - Améliorer la qualité de l'enseignement par le biais de : . l'instauration de mécanismes de contrôle et d'accompagnement pédagogique ; . l'évaluation des apprentissages des élèves de façon périodique et régulière, et l'établissement d'un programme de soutien éducatif, élaboré par les experts, piloté et supervisé par les inspecteurs du ministère, tout en allouant des crédits conséquents pour inciter les acteurs pédagogiques concernés à s'impliquer dans un tel projet. - Donner plus d'importance au domaine de la gouvernance, qui connaît d'importants dysfonctionnements dans le système d'éducation et de formation actuel, en optant pour : . l'instauration de mécanismes de pilotage, de contrôle et de suivi ; . la gestion efficace des différents organes en charge de la gestion administrative et pédagogique à tous les niveaux ; . la consolidation des responsabilités et la clarification des attributions, en liant la responsabilité à la reddition de comptes. - Trancher la problématique de la langue, afin d'en harmoniser l'usage dans les différents cycles d'enseignement, et faciliter l'acquisition des connaissances scientifiques et compétences expérimentales par les apprenants. Il est notamment proposé de confier ce dossier à un comité ad hoc impliquant les différents acteurs et partenaires. - Préconiser des solutions à certains phénomènes déplorables répandus dans les établissements d'enseignement, tels la triche aux examens et les cours particuliers payants. Il est également nécessaire d'établir des mécanismes d'évaluation de la performance des acteurs du système, et de faire face à la « crise de la conscience professionnelle », à travers la mise en place de mesures disciplinaires adéquates. - Renforcer la mobilisation autour de l'école en favorisant un climat de confiance entre ses acteurs éducatifs et ses partenaires extérieurs, et en incitant les mass medias à véhiculer une image positive de l'école. Dans ce cadre, les AREF doivent élaborer des plans stratégiques de mobilisation et de formation au profit des différents partenaires. A ce titre, les chefs d'établissements seront amenés à jouer un rôle primordial tant sur le plan de la communication que sur le plan d'ouverture sur les partenaires socioéconomiques.