«L'examen de conscience» pour sauver l'école marocaine s'est achevé par la livraison de la vision stratégique 2015-2030 par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS). Les grandes lignes de cette réforme. 1. Former un bon citoyen Cette vision d'une décennie et demie a pour finalité d'asseoir une école nouvelle portée par trois grands fondements : l'équité et l'égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion de l'individu et la société. Les objectifs stratégiques de cette «Ecole nouvelle» sont : former un bon citoyen, répondre aux attentes du projet de société citoyen, démocratique et de développement, contribuer à l'intégration du Maroc dans l'économie et la société du savoir et au renforcement de sa position parmi les pays émergents et favoriser le passage d'une société de consommation du savoir à une société qui le produit et le diffuse. 2. Le préscolaire devient obligatoire L'Etat et les familles s'engagent dans l'obligation de l'enseignement préscolaire. La vision prévoit son intégration progressive dans l'enseignement primaire et faire bénéficier d'une discrimination positive la scolarisation dans les milieux ruraux, périurbains et les zones déficitaires pour rattraper les retards et aplanir les difficultés. La réforme veut garantir également le droit à l'éducation et à la formation aux personnes handicapées ou dans des situations spécifiques. 3. Lutter contre le décrochage La vision veut garantir une place à tout enfant en âge de scolarisation ; une place à l'école jusqu'à 15 ans. Le Conseil veut garantir une scolarité durable et lutter contre les interruptions, les déperditions scolaires et les redoublements. Ladite vision aspire à donner la possibilité aux jeunes qui ont quitté l'école ou à ceux qui n'ont jamais été scolarisés d'apprendre et de se libérer de l'analphabétisme en organisant des programmes intensifs d'éducation non formelle. 4. Formation professionnelle dès le collège La formation professionnelle sera dispensée à partir du collège. La création, dès le collège, de parcours professionnels débouchera sur le baccalauréat professionnel. Cette mesure nécessitera l'augmentation de la capacité d'accueil de ces formations en renforçant leur présence dans les milieux ruraux et les zones enclavées. Enfin, un renouvellement des formations et leur diversification sera nécessaire pour les adapter régulièrement à l'évolution des métiers. 5. Une carte nationale universitaire La vision aborde également la réforme de l'université. Le Conseil aspire à l'élaboration d'une vision claire du réseau des universités marocaines à travers la carte nationale de l'enseignement supérieur, qui englobe tous les types d'établissements. Pour ceux à accès ouvert, cette vision doit s'appuyer sur la diversification des modèles d'établissements, l'adéquation des critères d'admission et l'augmentation des capacités d'accueil. Pour les établissements à numerus clausus, la vision doit s'appuyer sur la diversité des critères de sélection tout en préservant les principes de transparence, d'équité et de mérite. 6. Le privé, composante de l'école marocaine La vision considère l'enseignement et la formation privés comme une des composantes de l'école marocaine, en complémentarité avec l'enseignement public. Ce secteur est partie prenante dans les efforts pour la généralisation équitable de l'enseignement, le rehaussement de sa qualité et la diversification de son offre pédagogique. Ce changement de paradigme passe par deux conditions. Primo, confirmer l'engagement de ce secteur à l'adhésion aux principes du secteur public. Deuxio, considérer que son investissement intervient dans un service public qui s'inscrit dans les objectifs du projet national pour l'éducation et l'enseignement. 7. Les langues de l'école marocaine Le Conseil recommande une nouvelle architecture linguistique fondée sur le plurilinguisme et l'alternance des langues. La vision veut faire bénéficier équitablement les apprenants de trois langues dans l'enseignement préscolaire et primaire. Ainsi l'arabe se maintient comme langue principale, l'amazighe comme langue de communication et le français comme langue d'ouverture ; l'anglais sera introduit en première année du collège (et en quatrième année du primaire à l'horizon 2025) et une troisième langue étrangère en première année du lycée (l'espagnol notamment). 8. L'Etat régulateur La mise en place d'un nouveau système de gouvernance territoriale ne sera pas de tout repos. Une délimitation claire sera instaurée entre les pouvoirs de l'Etat régulateur d'une part et les académies régionales avec leurs entités locales, les universités et les établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche et les établissements du secteur privé, d'autre part. L'Etat définit les choix stratégiques alors que les instances régionales prennent en charge la gestion en disposant de plus d'autonomie dans tous les aspects relatifs à la gestion des ressources humaines. 9. Financement, L'Etat pourvoyeur L'Etat continuera d'être le principal pourvoyeur du financement de l'école, tout en cherchant à assurer la diversification de ces ressources. L'enseignement obligatoire est un droit pris en charge entièrement par l'Etat. Le Conseil recommande l'institution des droits d'inscription dans l'enseignement supérieur et ultérieurement dans l'enseignement secondaire qualifiant, avec l'application d'une dispense automatique des familles nécessiteuses. 10. Mobilisation autour de l'école Le Conseil a mis en place un plan d'action de communication et de mobilisation autour de ladite vision. Ce plan d'action vise notamment à partager les leviers proposés par la vision avec l'ensemble des acteurs éducatifs, toutes catégories et corps confondus ainsi qu'avec les étudiants, les élèves et les parents d'élèves et ceci pour une appropriation des objectifs de la réforme escomptée par tous et la mobilisation autour de la réalisation de ses chantiers.