Invité à l'émission «le Parlement des auditeurs» sur Casa FM, Ahmed Akhchichine, le ministre de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique, a dévoilé les grandes lignes de la réforme de l'éducation. Le 17 avril dernier, les auditeurs de Casa FM et MFM ont eu droit à une grande sortie de Ahmed Akhchichine. Une offensive médiatique du patron de l'éducation, qui intervient juste après la publication du rapport du Conseil Supérieur de l'Enseignement. Le Ministre de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique, qui était l'invité de l'émission « le Parlement des auditeurs », a répondu aux questions avec un grand sens de la communication. C'est que l'Homme est un spécialiste averti. Il fut d'abord question, du diagnostic des lacunes du système éducatif marocain. L'école publique, qui avait formé des cadres de haut niveau et contribué à la formation des élites depuis l'indépendance, est en régression et n'est plus perçue comme un outil de promotion sociale. Elle n'assure plus cette fonction comme avant. Pendant plus de deux heures, il a dévoilé son programme pour la réforme de l'école publique. Son intervention tombait à point nommé. Le rapport du Conseil Supérieur de l'Enseignement, qui venait juste d'être présenté au Souverain quelques jours auparavant, a fait un diagnostic sans complaisance des blocages du système éducatif marocain. Dans son intervention, le ministre a indiqué que son département procèdera à un examen rigoureux des propositions du CSE en mobilisant, à cet égard, les différents acteurs pédagogiques et administratifs au niveau central, régional et local, ainsi que dans les espaces des établissements d'enseignement. L'objectif étant de communiquer sur leurs contenus et de lister les objectifs. Comme il s'agit également d'ouvrir un débat élargi et fructueux avec l'ensemble des partenaires, dont les parents d'élèves, les sensibilités syndicales et politiques, les collectivités locales, la société civile, le secteur privé et les premiers concernés. L'idée est d'échanger les points de vue autour de ces propositions et les enrichir dans le sens de la mise en œuvre de convictions partagées sur les moyens efficaces, à même d'assurer la réussite d'une école marocaine pour tous. Ahmed Akhchichine a annoncé, lors de l'émission, que la réforme de l'enseignement doit commencer par le métier d'enseignant, qui doit être une vocation et non un emploi comme n'importe quel autre. L'émission, comme d'habitude, a donné lieu à des annonces exclusives. Le ministre a affirmé que l'expérience des centres de formation (Ecole Normale Supérieure, CPR, école d'instituteurs…) doit être revue : « C'est l'université qui devra dorénavant être chargée de la formation des enseignants et des formateurs ». L'accent a été mis, dans ce cadre, sur la réhabilitation de la profession d'enseignant et de sa modernisation, la maîtrise de l'aptitude des profs au niveau des langues, la consécration de la bonne gouvernance, l'amélioration de la qualité des enseignements dispensés et sur la diversification des formations et leurs adaptations avec les exigences de la qualification professionnelle et sociale. Pour le ministre de l'Education : « on doit d'abord se poser la question : quelle école nous voulons et pour quel type de société ». Ahmed Akhchichine, a également dû faire face à un tir nourri de questions des auditeurs, apparemment chauffés à blanc par les problèmes que connaît le secteur, notamment le problème de l'état des bâtiments et l'usage de drogue à proximité des établissement, l'absentéisme des instituteurs, les grèves etc… Les trois priorités de la réforme du système éducatif Akhchichine a indiqué que l'école doit être la préoccupation de tout le monde : les parents d'élèves, les habitants du quartier et de tous les citoyens, car elle s'inscrit dans leur environnement social. Le rôle des communes et élus locaux a été aussi mis en exergue, car c'est les responsables locaux qui sont les plus informés sur les problèmes spécifiques de l'école. Et de conclure, que la prochaine rentrée scolaire sera l'occasion pour la mise en application de ce plan, en vue d'insuffler une nouvelle dynamique à la réforme de l'école marocaine. Ce plan sera le fruit d'actions collectives et d'idées constructives, à travers une approche graduelle et un suivi continu tout au long des quatre prochaines années. Le ministre a insisté aussi sur le côté financier, la réforme de l'éducation a un coût. D'ailleurs, c'est une des causes de l'échec de la réforme du système éducatif. Le projet de loi de finances pour l'année 2008, prévoit 5900 postes budgétaires avec une hausse de 9,7 % de crédits alloués dans le cadre du budget de l'Etat. Par cette action, le gouvernement veut opérer un saut qualitatif en matière de concrétisation des objectifs de la Charte nationale de l'éducation et de la formation. Le premier chantier, consiste en une mise en œuvre réelle de l'enseignement obligatoire. L'école est le lieu naturel de tous les enfants marocains depuis l'âge de la scolarisation, jusqu'à ce qu'ils atteignent 15 ans et ce, sans discrimination sociale, régionale et spatiale, en concentrant les efforts, au niveau de l'enseignement primaire, sur l'assimilation des connaissances et des aptitudes essentielles et en luttant avec fermeté contre la déperdition scolaire. Ce chantier consiste également en l'élargissement de l'offre pédagogique et en la consolidation de l'encadrement, pour ce qui est du cycle secondaire collégial, et en la généralisation de l'enseignement préscolaire en respectant les exigences de qualité sur la base de l'égalité des chances. Le deuxième chantier, concerne la phase de l'après-enseignement obligatoire et vise à assurer l'égalité des chances à tous les jeunes Marocains, afin qu'ils puissent se réaliser, exprimer leurs aptitudes et démontrer les domaines où ils se distinguent que ce soit au secondaire qualifiant, à la formation professionnelle ou encore à l'université qui demeure l'espace idéal pour la promotion de l'intelligence collective, de la créativité scientifique et culturelle, ainsi que pour le renouvellement des élites. Le troisième chantier porte sur les questions urgentes du système d'éducation qui requiert de l'audace et de la rigueur dans la recherche des solutions urgentes, il s'agit là essentiellement de réhabiliter la profession d'enseignant, de la moderniser, d'améliorer les aptitudes de maîtrise linguistique, de consacrer la gouvernance efficace et responsable et de réhabiliter le système d'orientation en l'adaptant aux exigences de développement du pays.