Ce qui est devenu «l'affaire Sanofi» continue de faire parler. Au-delà d'une campagne publicitaire pour un anti-diarrhéique (encadré), le visuel publié puis retiré par la filiale suisse des laboratoires Sanofi a été érigé par le ministère du tourisme au rang de campagne pour nuire à l'image du Maroc. Dans l'indignation, l'Office national marocain du tourisme (ONMT) a été le premier à réagir en saisissant son avocat, Maître Maria Bahnini, pour mener une action en urgence auprès de Sanofi afin qu'il retire le visuel de Marrakech de cette campagne de publicité. L'action a donné ses fruits et l'Office a rapidement eu gain de cause. Les laboratoires Sanofi ont tout de suite retiré le visuel et ont même présenté des excuses officielles au Maroc à travers un communiqué de presse. On peut y lire : «Dans le cadre de la promotion en Suisse d'un produit grand public pour la santé du voyageur (non commercialisé au Maroc), différents visuels ont été développés représentant des destinations touristiques majeures à travers le monde, dont la ville de Marrakech. Constatant que ce visuel portait atteinte à l'excellente image dont bénéficie le tourisme marocain en général et la ville de Marrakech en particulier, Sanofi Suisse a immédiatement retiré ce visuel». Et de poursuivre : «Malgré ce retrait, les réseaux sociaux ont diffusé malencontreusement à large échelle ce visuel qui a été supprimé. Sanofi regrette cet incident et présente ses excuses aux professionnels du tourisme et aux citoyens marocains». Des excuses qui ne réparent pas le mal qui a été fait. A ce sujet, contacté par ALM, Lahcen Haddad, ministre du tourisme, confirme : «Notre position est claire à l'égard de cette atteinte à l'image du Royaume. Nous en avons discuté au sein du Parlement et nous ne sommes pas prêts à laisser l'action impunie. Et aujourd'hui, en dépit des excuses formulées par les laboratoires Sanofi, nous pensons que le mal a été fait», a affirmé le ministre. Et de poursuivre: «Avant d'entamer une quelconque procédure judiciaire ou autre, nous procédons actuellement à une évaluation de l'impact et de l'influence négative que pourrait avoir cette campagne sur le tourisme et la perception du pays. D'après les résultats qui seront établis par des experts, nous axerons notre riposte». Une position tout à fait partagée par les opérateurs touristiques du Royaume. «C'est là un manque de professionnalisme et une erreur impardonnable de la part de Sanofi. De plus, l'enjeu n'est pas des moindres, il s'agit de l'image du Maroc, de son attractivité à l'échelle internationale et de sa réputation», s'indigne Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH). Cependant, pour lui, à travers cette affaire, c'est un autre débat qu'il va falloir ouvrir. «La forte médiatisation de cette affaire et toute la vague d'indignation qu'elle a suscités sur les réseaux sociaux ont plus servi Sanofi que le Maroc. On se retrouve donc à faire les mêmes erreurs que dans l'affaire du film pornographique «Much Loved» qui, à son tour, a eu droit à plus de publicité qu'il ne le mérite». Une affaire à suivre de très près… Gros ratage pour Sanofi L'affaire Sanofi a éclaté, mardi dernier, au grand jour. Une affaire qui a eu l'effet d'un tremblement de terre au Maroc. La campagne publicitaire d'un anti-diarrhéique produit par la filiale suisse des laboratoires Sanofi a été directement jugée comme dégradante et nuisible pour l'image du Maroc. Il faut dire que l'affiche est plus que suggestive. Le visuel représente la place de Jemâa El Fna avec pour slogan «Ne passez pas vos vacances au petit coin». Une association qui prête facilement à l'interprétation. Marrakech, sa place légendaire et ses petits restaurants sont donc associés aux intoxications alimentaires. Autrement dit, le Maroc est un pays où l'insécurité alimentaire règne et qu'il est impératif de prendre son anti-diarrhéique avant de s'y rendre. Un raisonnement tout à fait infondé puisque le pays est célèbre par sa gastronomie dont les louanges sont chantées partout dans le monde. D'après l'Office national marocain du tourisme, «on ne peut pas laisser ternir l'image du Maroc de cette manière. C'est une campagne injuste et injustifiée. Surtout de la part d'un groupe qui normalement a une grande éthique et est implanté au Maroc. Nous avons donc mené les actions qui s'imposent». Une affaire similaire Dans le même sillage de l'affaire Sanofi, en 2010, le Guide du Routard avait soulevé l'indignation à travers la publication de sa «Une» jugée choquante. La couverture du guide réservé au Maroc illustrait un âne faisant le plein dans une station-service. Une image nullement représentative du pays et qui vient bafouer des siècles et des siècles d'Histoire, de culture et d'art. Toute cette civilisation ancestrale, ce peuple trilingue, voire quadrilingue, cette grande culture d'hospitalité ont été résumés par une image qui contraste grandement avec la réalité. Il est donc temps de mettre un terme aux clichés et stopper l'hémorragie…