Il avait 10 ans quand il a découvert que son chemin dans cette vie sera fait de courbes... de danse. A une époque où la société marocaine n'accueillait pas cet art à bras ouverts, Lahcen Zinoun, jeune déterminé et peut-être entêté, a décidé de résister. Dans une biographie intitulée «Lahcen Zinoun ou le corps libéré», l'on perce le monde d'un réalisateur et chorégraphe hors pair. Réalisé par Maha Edition et écrit par Mostafa Chebbak et édité par la BMCI dans le cadre de sa politique d'appui et de sauve-garde du patrimoine culturel marocain, cet ouvrage nous rapproche non seulement du personnage de Zinoun mais d'une époque où le Maroc était suspendu entre deux mondes, un premier se voulant moderne et progressiste et un deuxième traditionnel difficile à transgresser. A hauteur de ses dix années d'existence à peine, Lahcen Zinoun a été absorbé par la danse. Cet art qu'il a découvert «par une porte entrebâillée du conservatoire de Casablanca», apprend-on via l'auteur. Sa carrière de célèbre danseur, chorégraphe et actuellement metteur en scène marocain a été faite de beaucoup de succès mais d'obstacles également. A commencer par la stricte opposition de son père au désir du jeune Zinoun de devenir danseur dans une société où cet art n'était pas perçu à sa juste valeur. Quelques années plus tard, il a réussi à se frayer un chemin et se faire un nom comme grand artiste en Europe. Lahcen Zinoun n'a pas pour autant oublié que son rêve d'enfant, c'est au Maroc qu'il l'a nourri. Il y retourne donc avec l'objectif de réconcilier sa société avec la danse. Sa persévérance, il faut le dire, a donné ses fruits. A travers le temps, Lahcen Zinoun, danseur étoile du Royal Ballet de Wallonie, est devenu mondialement connu. Comme le note l'auteur du livre, l'histoire de ce personnage se confond avec celle de la danse au Maroc. «Avec lui, une nouvelle perception du riche patrimoine danse marocain prend naissance. De l'Europe au Maroc, de la danse académique aux danses traditionnelles, Lahcen Zinoun jette des ponts entre le patrimoine culturel marocain et la modernité occidentale. Son parcours met en lumière l'ancrage profond de la danse dans l'histoire et les traditions du Maroc, et nous révèle ce que la danse a d'universel», explique-t-il. A travers ce riche ouvrage de 216 pages, ce n'est pas uniquement le parcours de cet artiste qu'on apprend mais une véritable leçon de vie qui se veut être «porteuse de sens et d'espoir pour les jeunes générations». Quant à la Fondation BMCI, et à l'instar de Zinoun, elle entend «poursuivre son action menée depuis près de 15 ans pour promouvoir des formes d'expression artistique encore peu reconnues».