Les cités universitaires ne sont certainement pas suffisantes pour accueillir tous les étudiants marocains en provenance d'autres villes. La plupart se battent pour décrocher une place en résidence universitaire, des logements proposés par l'Etat et moins chers que les loyers proposés par les particuliers. Le logement étudiant est un problème majeur. Alors, est-ce que ces cités ont la capacité d'accueillir 650.000 jeunes étudiants pour cette nouvelle rentrée? Le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, a indiqué récemment que la capacité d'accueil des cités universitaires au Maroc atteindra 54.000 lits pour cette nouvelle rentrée universitaire 2014, contre 35.000 lits pour l'année précédente. De plus, le département de l'enseignement supérieur a programmé la construction de 14 nouvelles cités universitaires, l'extension de 8 autres et la réfection de l'ensemble des cités. Les chambres des cités universitaires actuelles sont de 20m2 au maximum. Elles contiennent un placard, deux commodes et deux lits séparés. En revanche, la cuisine et les salles de bains sont partagées par les étudiants de chaque étage. «Je trouve que ces cités sont très bien, elles sont isolée, il y a le silence et le calme absolu. On est proche des classes. Par contre, on a du mal à cuisiner, on doit faire la queue pour arriver à préparer nos repas», affirme Fatima Zahra, jeune étudiante de 18 ans. Cependant, les conditions de vie des étudiants restent différentes d'une cité à une autre. Par exemple, dans certaines cités, les chauffe-eau pour les douches ne sont pas disponibles et les étudiants doivent fréquenter les bains publics ou chauffer l'eau par d'autres moyens pour se laver. Il faut dire que pour 1.900 dirhams l'année, il ne faut peut-être pas demander plus de confort. Il y a même des cités universitaires qui offrent les repas moyennant, à la place des 1.900 dirhams annuels, une contribution mensuelle de 500 dirhams. Si une majorité de jeunes est obligé de faire contre mauvaise fortune bon cœur, d'autres ne supportent pas cette promiscuité et décident de louer chez des particuliers. Le nombre des étudiants explose et les places dans les cités ne suffisent plus pour leurs logements. C'est là que le chemin de croix commence pour les étudiants. A Casablanca, par exemple, le loyer coûte en moyenne 3.500 dirhams pour un studio de 40m2 au centre-ville. Ouafae, une jeune étudiante de 20 ans, qui arrive de Fès est depuis août dernier à la recherche d'un endroit pour poser ses affaires et préparer son année scolaire. Elle n'a pas trouvé de place dans la cité. Reste pour elle la solution d'une colocation ou alors se débrouiller pour habiter toute seule. Ouafae a enfin pu dénicher un petit 40m2 en colocation avec deux filles, dans un ancien immeuble au 4ème étage sans ascenseur. Difficile d'y tenir à trois, mais c'est tout ce qu'elle a trouvé. Une petite cuisine, deux chambres et une petite salle de bains pour 3.500 dirhams à partager en trois, sans compter les frais d'eau et d'électricité. Mais pour y arriver, il a fallu convaincre les propriétaires de les aider à se lancer dans une nouvelle aventure, loin des familles, dans une autre ville, avec tout ce que cela peut comporter comme avantages et risques…
Mais, il faut aussi dire que «les frais sont trop chers pour les étudiants ici à Casablanca. On doit s'acquitter du montant du loyer et de la commission de l'agence immobilière aussi, sachant que l'on n'a pas de bourse d'étude. Est-ce que vous croyez que tous les étudiants ont les moyens de se payer un appart à un tel prix?», se demandent Oufaa, Rabab et Sara. Et ce n'est pas tout, il faut encore se pencher sur les questions administratives, notamment les papiers pour la signature du contrat du loyer. Certains propriétaires dexagères et demandent outre la photocopie de la CIN, les trois dernières fiches de paie du père ainsi qu'une photocopie de l'attestation de scolarité. Le tout sans compter qu'il faut payer une avance de deux mois de caution et payer l'intermédiaire. Un enfer pour les étudiants et leurs parents. Il faut bien passer par là. Un chemin de croix obligatoire, comme un rite de passage pour entrer de plein fouet dans la vie active dans une ville comme Casablanca, où les maîtres mots demeurent, faire des coudes, se débrouiller et ne jamais baisser les bras. Autrement, si on cède devant les difficultés, on laisse tomber, on se décourage et on rentre chez soi. Et ce n'est pas le but quand on démarre à peine dans la vraie vie. Par: Siham Oukhit