Tanger, ville du détroit, a fait l'objet de plusieurs vagues de violences contre les migrants subsahariens. Les dernières en date, celles de vendredi 15 août, ont bouleversé la Toile. Des migrants ont été chassés de force du quartier Boukhalef de Tanger. Actes de racisme ou simple incident? Des observateurs ont été envoyés par le Groupe antiraciste de défense et d'accompagnement des étrangers et migrants (GADEM) sur les lieux afin de vérifier les faits et collecter les différentes versions. Contactés par ALM, le secrétaire général du GADEM, Hicham Rachidi, estime qu'il est «trop facile de parler racisme». Avec Oujda et Nador, Tanger est une ville où le flux migratoire connaît un pic. Ces points sont l'étape ultime de ces migrants vers ce qu'ils estiment être un éldorado, l'Europe. «Le fait que les incidents liés à la migration soient plus médiatisés et fassent plus de bruit revient au simple fait que la société civile y soit très active», explique Rachidi. Toutefois, ces incidents seraient-ils tous d'ordre raciste? Pour ce qui est des incidents de Tanger, les motifs n'ont pas encore été vérifiés. Ceci dit, le secrétaire général du GADEM nuance et attire l'attention sur un phénomène bien grave. L'arrivée en grand nombre des migrants dans ces régions donne naissance à de nouveaux métiers, souvent pas très légaux. C'est le cas de celui des «marchands de sommeil». Depuis peu, certains individus sous-louent des appartements et résidences appartenant à des Marocains résidant à l'étranger. Ces derniers n'étant pas avisés, les locataires se font déloger parfois de force, quelque temps avant le retour des propriétaires. «Les locataires en question sont la plupart du temps des migrants subsahariens. A l'approche de l'été, on les expulse sans préavis», s'indigne la même source tout en enlevant l'embarras, «un acte est jugé raciste quand on s'attaque à une personne du fait qu'elle soit de couleur ou pour le simple fait qu'elle soit étrangère. Dans le cas de ces marchands de sommeil, c'est de l'exploitation économique qu'il s'agit. Ce sont des criminels auxquels l'Etat se doit de s'attaquer». Depuis l'appel de SM le Roi Mohammed VI en septembre 2013 à une gestion plus humaine des migrants clandestins, l'Etat a, en effet, adopté une nouvelle politique migratoire. Plus ouverte et en mesure d'assurer les droits des migrants qui affluent vers le Maroc, pays devenant plus d'accueil que de transition. Cette politique prévoit la régularisation des 850 personnes reconnues réfugiées politiques par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ainsi que la création d'un statut pour les futurs demandeurs d'asile. Une réforme qui prend son cours à l'heure actuelle mais, sur le terrain, des efforts restent à faire pour une effective condamnation d'actes similaires à ceux que subissent ces migrants à Tanger ou ailleurs.