L'éradication de la violence sexuelle n'est pas pour demain. Au Maroc, les violeurs des mineures continuent d'être protégés par la loi à condition que ces derniers épousent leurs victimes. Malgré les nombreux appels de la société civile pour abroger l'article 475 du code pénal et la proposition de loi présentée par l'USFP pour criminaliser tout rapport sexuel avec les mineures, les députés du PJD refusent tout amendement du code pénal. Pour eux, il n'est pas question de condamner les rapports sexuels sur mineures et de placer cet acte au même rang que le viol. Rappelons à ce sujet qu'avec une majorité de 12 voix contre 3, la Commission de justice, de législation et des droits de l'Homme à la Chambre des représentants avait rejeté il y a près d'une quinzaine de jours cette proposition de loi qui vise à annuler les articles 494, 495 et 496 du code pénal. Pour la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF), il ne s'agit pas d'amender un ou plusieurs articles, mais il faut une véritable réforme du code pénal qui est un texte d'essence patriarcale. «Le code pénal ne tient pas compte des droits des femmes. Il est fondé sur une philosophie et une culture masculines qui protège la société, la famille et la morale au détriment des femmes. C'est pourquoi il faut revoir le code en prenant en considération notamment les violences à l'égard des femmes et les discriminations dont elles sont victimes», affirme Fouzia Assouli, présidente de la FLDDF. En plus d'une refonte du code pénal, la Fédération revendique une révision du code de la famille. Autre volet, c'est la lutte contre la violence à l'égard des femmes à travers la mise en place d'une loi-cadre de prévention et de lutte contre la violence fondée sur le genre. Cette loi-cadre prévoit la création d'un guichet unique auquel la femme victime pourra s'adresser. Ce guichet permettra ainsi aux victimes vulnérables d'accéder facilement à la justice. La Fédération revendique des réformes judiciaires concrètes se basant sur l'approche genre. Celle-ci a d'ailleurs rédigé un mémorandum sur une réforme judiciaire qui sera adressé à la Commission de justice, de législation et des droits de l'Homme à la Chambre des représentants ainsi qu'aux membres du gouvernement. La présidente de la FLDDF appelle à une égalité entre les deux sexes sur tous les plans et ce conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution et aux traités internationaux signés par le Maroc.